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"Aveu sidérant", "quinquennat du mépris", "faute inexcusable" : l'opposition dénonce les propos d'Emmanuel Macron sur les non-vaccinés

Dans un entretien accordé au journal "Le Parisien", le président de la République assume sa "stratégie", qui consiste notamment à transformer le pass sanitaire en pass vaccinal, mesure actuellement débattue à l'Assemblée nationale. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président français Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée, à Paris, le 20 décembre 2021. (MAXPPP)

Voilà une petite phrase présidentielle qui fait déjà beaucoup réagir, en plein débat sur le projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal. "Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout", déclare Emmanuel Macron dans une interview accordée au Parisien et à ses lectrices et lecteurs, publiée mardi 4 janvier.

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Le chef de l'Etat répondait à une question d'une lectrice du Parisien soulignant que les non-vaccinés "occupent à 85% les réanimations", ce qui entraîne un report des opérations. Cette remarque "est le meilleur argument" pour la stratégie du gouvernement, relève le président, soulignant qu'"en démocratie, le pire ennemi c'est le mensonge et la bêtise".

"C'est une toute petite minorité qui est réfractaire"

"La quasi-totalité des gens, plus de 90%, ont adhéré" à la vaccination et "c'est une toute petite minorité qui est réfractaire", ajoute-t-il. "Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l'emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français", ajoute-t-il, paraphrasant la célèbre phrase de son précedesseur Georges Pompidou – "Arrêtez donc d'emmerder les Français". "Je peste toute la journée contre l'administration quand elle les bloque, souligne Emmanuel Macron. Eh bien là, les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder."

"C'est ça, la stratégie. Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné…", poursuit le chef de l'Etat.

"Consternant" pour Mélenchon

Le candidat LFI à la présidentielle et député Jean-Luc Mélenchon a été l'un des premiers responsables à réagir à ces propos. "Le président maîtrise-t-il ce qu'il dit ? L'OMS dit 'convaincre plutôt que contraindre'. Et lui ? 'Emmerder davantage'. Consternant", dénonce-t-il dans un tweet.

"On retrouve un candidat en voie de radicalisation. Le problème, c'est qu'on a encore plusieurs mois sous sa présidence et il est très inquiétant dans sa gestion de la crise épidémique", a appuyé sur francenfo Eric Coquerel, député LFI de la première circonscription de Seine-Saint-Denis. Fabien Roussel, député et candidat du Parti communiste à la présidentielle, s'indigne également. "Sept millions de Français vivent dans des déserts médicaux et sont éloignés des soins, comme du vaccin. Il les 'emmerde' aussi ?", écrit-il sur Twitter.

Pour Marine Le Pen, la candidate du RN, "un président ne devrait pas dire ça. Le garant de l'unité de la nation s'obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction".

Pécresse dénonce un "quinquennat du mépris"

"Président, j'arrêterai d'emmerder les Français. Le président sortant, lui, parle ouvertement d'emmerder une catégorie de Français", a aussi immédiatement twitté l'autre candidat d'extrême droite, Eric Zemmour.

Chez LR, la candidate à la présidentielle Valérie Pécresse a estimé mercredi sur CNews : "Ce n'est pas au président de la République de trier entre les bons et les mauvais Français. Il faut les rassembler sans les insulter. Oui, il faut avoir le courage de dire la vérité mais l'insulte n'est jamais la bonne solution. Il faudra mettre fin à ce quinquennat du mépris. Je suis d'ailleurs la seule à pouvoir en terminer avec un président qui visiblement ne supporte plus les Français qui ne pensent pas comme lui".

Le sénateur Bruno Retailleau a estimé qu'aucune "urgence sanitaire ne justifie de tels mots. Emmanuel Macron dit avoir appris à aimer les Français, il aime surtout les mépriser. On peut encourager à la vaccination sans insulter personne ni pousser à la radicalisation", a-t-il affirmé. 

"On ne parle pas comme cela des Français"

"Emmanuel Macron joue avec le feu", réagit pour sa part Stéphane Troussel, président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, interrogé sur franceinfo.

"Emmanuel Macron joue avec le feu" déclare Stéphane Troussel
"Emmanuel Macron joue avec le feu" déclare Stéphane Troussel "Emmanuel Macron joue avec le feu" déclare Stéphane Troussel

François Kalfon, membre du bureau national du PS, tweete de son côté qu'après "les Gaulois réfractaires, les gens qui ne sont rien, les gilets jaunes, Emmanuel Macron veut désormais 'emmerder les non-vaccinés'. Un homme d'Etat rassemble son peuple... Il passe son temps à les opposer ! #pathologique". La maire PS de Paris et candidate à la présidentielle, Anne Hidalgo, s'est contentée d'un court message ironique sur Twitter : "Réunir la France."

La possible candidate Christiane Taubira a estimé qu'"on ne parle pas comme cela des Français". "Les propos du président sortant publiés ce sont choquants et violents. Ils constituent une faute inexcusable", a-t-elle dénoncé.

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