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Covid-19 : ce que l'on sait du variant B.1.617 identifié en Inde, dont les premiers cas sont signalés en France

Mutations, effets sur l'immunité, présence en France... Si les experts estiment que davantage de données sont nécessaires pour définir ce variant identifié en Inde, voici déjà quelques premiers éléments.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Une soignante fait passer un test Covid-19 à un vendeur à Chennai (Inde), le 10 avril 2021. (ARUN SANKAR / AFP)

Nouveau record de contaminations. L'Inde a recensé, jeudi 29 avril, 386 452 cas de contaminations de Covid-19 en 24 heures. C'est le neuvième jour d'affilée que le pays dépasse les 300 000 cas quotidiens. Une flambée qui peut en partie s'expliquer par la circulation d'un nouveau variant, nommé B.1.617, et dont les premiers cas viennent d'être identifiés en France.

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Si les experts estiment que davantage de données sont nécessaires pour comprendre son rôle dans la propagation de la maladie, voici déjà quelques premiers éléments.

Il présente plusieurs mutations

Le B.1.617 a été "repéré pour la première fois le 5 octobre 2020 près de Nagpur", dans le centre de l'Inde, rapporte Le Monde (article payant). Il "résulte de quinze mutations spécifiques", précise Anurag Agrawal, directeur de l'Institut de génomique et de biologie intégrative de New Delhi au Monde. "Deux positions semblent être particulièrement puissantes, parce qu'elles peuvent échapper aux anticorps."

Elles sont déjà connues. La première, L452R, a été détectée dans le variant B.1.526.1, repéré aux Etats Unis. La seconde, E484Q, ressemble à une mutation présente dans les variants initialement identifiés en Afrique du Sud et au Brésil et "pourrait être associée à un impact significatif en termes d'échappement immunitaire (post-infection et post-vaccinal), bien que cela ne soit pas encore formellement démontré à ce stade", écrit Santé publique France dans son analyse de risque liée aux variants émergents (document en PDF) publiée le 8 avril. "Il a l'air d'être particulièrement contagieux, mais les études ne disent pas si sa forme est plus grave que les autres", note l'épidémiologiste Catherine Hill auprès de 20 Minutes.

Il risque de fragiliser l'immunité de la population

Ce variant pourrait causer un "échappement immunitaire", écrit Santé publique France. En clair, "il pourrait déjouer les anticorps" produits lors d'une précédente infection ou lors d'une vaccination et donc leur résister, explique Rakesh Mishra, directeur du Centre de biologie moléculaire et cellulaire, à France 2.

Cela suscite des inquiétudes : "Pour le moment, il semblerait que B.1.617 ressemble aux variants V2 [identifié en Afrique du Sud] et V3/P.1 [identifié au Brésil]. Si cela se confirme, cela pourrait poser des soucis à moyen terme, car cela fragiliserait l'immunité de la population, vu que les personnes déjà infectées et celles vaccinées par les vaccins qui utilisent un vecteur type adénovirus – comme le vaccin AstraZeneca, Johnson & Johnson ou celui de Chine – sont bien moins protégées face à ces mutations", explique au HuffPost Samuel Alizon, directeur de recherche au laboratoire des maladies infectieuses et vecteurs du CNRS.

Il pourrait être à l'origine de la flambée en Inde

La courbe des contaminations crève le plafond en Inde, portant le total des cas à plus de 18 millions de cas depuis le début de la pandémie. Cette flambée pourrait être liée à l'apparition du variant. Dans l'Etat du Maharashtra, la part du B.1.617 dans les contaminations représenteraient "actuellement de 55 % environ", et "entre 2 et 10%" dans le reste du pays, décrit Rakesh Mishra au Monde.

Inde : le pays fait face à un nouveau variant, doublement mutant
Inde : le pays fait face à un nouveau variant, doublement mutant Inde : le pays fait face à un nouveau variant, doublement mutant (France 2)

La détection du variant "en Inde coïncide avec une situation épidémiologique très défavorable, caractérisée par une forte augmentation du taux d'incidence des cas confirmés de Covid-19", écrit Santé publique France sans toutefois établir de lien certain. L'agence précise que cette hausse de l'épidémie peut également être due "aux nombreux grands rassemblements [religieux] qui ont eu lieu récemment partout dans le pays et à une faible adoption des mesures de prévention par la population générale".

Il est présent "sporadiquement" en Europe

"Ce variant a été détecté sporadiquement en Angleterre, en Allemagne, au Canada et à Singapour. Deux cas ont été détectés en Guadeloupe", note Santé publique France. Outre l'Inde, une vingtaine d'autres pays ont signalé des personnes atteintes de ce variant, selon la base de données GISAID (contenu en anglais), qui surveille les variations génétiques du virus au niveau mondial. Une grande partie se trouve au Royaume-Uni, qui compte 483 cas. Dans le reste de l'Europe, l'Allemagne, l'Italie, la Belgique, la Suisse, la Roumanie, l'Irlande et le Portugal et la Belgique recensent quelques cas.

Cela a poussé le gouvernement britannique à interdire l'entrée au Royaume-Uni des voyageurs en provenance d'Inde, n'autorisant l'accès qu'aux résidents britanniques, qui devront payer de leur poche une quarantaine à l'hôtel. Le ministre de la Santé, Matt Hancock, a précisé à la Chambre des communes que "la grande majorité" des cas du variant B.1.617 repérés au Royaume-Uni "ont des liens avec les voyages internationaux et ont été détectés par nos tests à la frontière".

L'Italie a pour sa part interdit le 25 avril l'entrée sur son territoire aux personnes en provenance d'Inde, mais n'a pas suspendu les vols entre les deux pays, pour permettre aux résidents italiens de rentrer. Les voyageurs en provenance du Bangladesh et du Sri Lanka sont également concernés.

Au moins cinq cas détectés dans l'Hexagone

Selon la direction générale de la santé (DGS), un premier cas a été identifié dans l'Hexagone, en Lot-et-Garonne. Il s'agit d'une femme revenue récemment d'Inde et testée positive le 9 avril. A l'isolement, l'ensemble de ses cas contacts ont été tracés et testés. Un seul s'est révélé positif, rapporte la DGS.

Un autre patient a été détecté à Bordeaux, a annoncé l'Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine. Il revenait également d'Inde, pour des raisons professionnelles. Les trois patients "vont bien", aucun ne souffre de "forme grave, tout le monde est à la maison avec peu ou pas de symptômes" et la "propagation est maîtrisée", a précisé l'ARS.

Deux autres cas ont été recensés dans la région de Marseille (Bouches-du-Rhône), en provenance du territoire indien. Revenues les 19 et 27 avril en France, les personnes testées positives ont été placées à l'isolement.

Un "système de détection et de surveillance des cas possibles" a été mis en place par Santé publique France, "en lien avec les laboratoires d'analyse", précise la DGS, dans un communiqué. Les voyageurs en provenance de l'Inde doivent observer depuis le 24 avril une quarantaine stricte de dix jours à leur retour en France.

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