Covid-19 aux Antilles : "Les malades sont sur des chaises, il y en a plus que de prises d'oxygène", témoigne un médecin en Guadeloupe
Le docteur Bruno Jarrige, du CHU de Pointe-à-Pitre, décrit une situation catastrophique en Guadeloupe et en Martinique, où les patients en réanimation sont de plus en plus jeunes. Il appelle à des renforts de soignants supplémentaires.
"Les gens sont sur des brancards, sur des chaises, ils ne sont pas dans des box. Il y a plus de malades que de prises d'oxygène", témoigne dimanche 15 août sur franceinfo le docteur Bruno Jarrige, médecin anesthésiste-réanimateur et responsable de la cellule Covid-19 du CHU de Pointe-à-Pitre, alors que la Guadeloupe et la Martinique sont touchées de plein fouet par la quatrième vague de l'épidémie. "Nous avons besoin d'une centaine de soignants de plus", appelle-t-il.
franceinfo : Pouvez-vous nous décrire la situation que vous vivez actuellement ?
Bruno Jarrige : La situation en Guadeloupe et en Martinique est catastrophique, avec maintenant plus d'un Guadeloupéen sur 50 qui est porteur du virus [le taux d'incidence atteint 2 225 pour 100 000 habitants samedi 14 août]. Les médecins libéraux sont débordés, et au niveau hospitalier, il y un afflux massif de patients plus graves. En Guadeloupe, nous sommes maintenant à 150 lits ouverts dans les hôpitaux pour la médecine Covid, à presque 50 lits de réanimation Covid. Ce sont des patients beaucoup plus jeunes que dans les vagues précédentes, avec des gens de moins de 40 ans. Il y en a également plusieurs qui ont moins de 30 ans, et certains sont même dans un état suffisamment grave pour aller en réanimation.
"Nous ne sommes plus en médecine normale, nous sommes en médecine de catastrophe. Les morts vont se multiplier, les drames vont se multiplier."
Bruno Jarrige, responsable de la cellule Covid-19 du CHU de Pointe-à-Pitreà franceinfo
Les urgences sont saturées. Les gens sont souvent sur des brancards, sur des chaises, ils ne sont pas dans des box. Il y a plus de malades que de prises d'oxygène.
Vous avez reçu des renforts depuis l'Hexagone. Est-ce qu'ils sont suffisants ?
Nous sommes très contents d'avoir reçu ces renforts de tous les hôpitaux nationaux. En Guadeloupe, nous avons reçu 150 soignants, dont des médecins, des infirmières, des aides-soignants et des psychologues. Malheureusement, ce n'est pas suffisant, même si c'est très important et que ça nous apporte une aide majeure. Il en faudrait plus.
Combien de personnels vous faudrait-il pour pouvoir faire face ?
Nous avons reçu 150 soignants. Il en faudrait une bonne centaine de plus pour couvrir tous les secteurs. Il va falloir en poster dans d'autres petits établissements, qui vont s'ouvrir en Guadeloupe. Il faut rajouter du personnel à ceux qui sont encore là et qui n'ont pas l'habitude des malades lourds.
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