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Coronavirus : "Si les Français restent dans cette situation de respecter partiellement les choses, il faudra aller plus loin", alerte l'Ordre des médecins

"Nous sommes très demandeurs à ce que chacun prenne la mesure du risque qu'il fait courir aux autres", a déclaré vendredi sur franceinfo Patrick Bouet, président du Conseil national de l'ordre des médecins.

Article rédigé par franceinfo
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Patrick Bouet, président de l'Ordre des médecins, lors d'une conférence de presse en octobre 2017 à Paris. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

"Si les Français restent dans cette situation de respecter partiellement les choses, il faudra aller plus loin" dans le confinement pour lutter contre la pandémie de coronavirus, a déclaré vendredi 20 mars sur franceinfo le docteur Patrick Bouet, président du Conseil national de l'ordre des médecins.

Par ailleurs, sur la situation des soignants et notamment des moyens de protection, Patrick Bouet a estimé que "si on veut mobiliser l'ensemble des acteurs dans la durée, puisque nous savons que c'est dans la durée qu'il faut les mobiliser, il faut qu'ils soient protégés, qu'ils soient protecteurs."

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franceinfo : Comment expliquez-vous ce décalage entre le message que vous partagez tous les jours et certains comportements qui ont été dénoncés par Christophe Castaner ?

Patrick Bouet : Honnêtement, je ne le comprends pas, justement. Nous, acteurs du monde de la santé nous voyons ce que sont les complications de telles situations, la gravité potentielle de cette épidémie. Nous restons malgré tout relativement stupéfaits de voir les Français, pour une partie d'entre eux, se comporter comme si tout ceci n'était finalement que quelque chose que l'on voit à la télé. Non, c'est quelque chose qui nous concerne, dans notre intimité, dans notre vie, de tous les jours. Nous sommes très demandeurs à ce que chacun prenne la mesure du risque qu'il fait courir aux autres. Nous avons le sentiment depuis quelques jours qu'il va falloir renforcer ces mesures. Le gouvernement fait le choix politique de ne pas le faire à l'état de cette journée. Malgré tout, nous pensons que si les Français restent dans cette situation de respecter partiellement les choses, il faudra aller plus loin et plus fort parce que l'important est que les Français ne se réunissent pas, ne se rencontrent pas, ne portent pas le virus à l'extérieur de chez eux parce que le combat d'aujourd'hui.

Est-ce que les médecins sont davantage équipés, en masque notamment ?

Non. Honnêtement, on a eu des livraisons, mais vous savez, quand un médecin a reçu 18 masques pour sept jours, je ne dirai pas que ça s’est amélioré. Il y a une obligation logistique de la part de l'Etat. Il lui appartient de protéger les soignants parce que, s'ils ne sont pas protégés, ils deviennent contaminants. S'ils sont contaminants, ils contaminent les personnes. L'Etat est dans cette responsabilité. Il y a eu des mesures qui ont été prises. Il y a des explications que nous n'avons pas comprises. Il faut aller dans l'action. Il faut inonder les acteurs qui ont des rôles sociaux, qui sont des médiateurs de proximité comme les soignants. Il faut inonder ces personnes de masques de protection et ça, c'est une absolue nécessité.

Quelles sont les autres mesures qui seraient nécessaires, selon vous, pour protéger les soignants qui sont en première ligne ?

Il faudrait déjà que nous sachions quel est le taux de contamination chez les soignants. Je reste stupéfait qu'il faille que les médecins ou les infirmiers ou les autres professions de santé qui sentent des symptômes soient obligés de passer par des filières complexes pour pouvoir se faire dépister. Il faudrait savoir exactement où nous en sommes parce que nous allons avoir besoin de 100% des forces vives soignantes dans les semaines qui viennent. Si on veut mobiliser l'ensemble des acteurs dans la durée, puisque nous savons que c'est dans la durée qu'il faut les mobiliser, il faut qu'ils soient protégés, qu'ils soient protecteurs.

Est-ce que vous comprenez le geste des internes en médecine de passer par la voie du Conseil d'État ?

Je comprends qu’aujourd’hui, tous les professionnels de santé, les médecins, les infirmières sont en train de dire cette épidémie se développe et nous attendons de l'Etat qu'il prenne les mesures pour protéger la population. Il le fait avec pédagogie, mais nous, médecins, nous voyons bien que les choses sont en train de s'accentuer et donc qu'il faut que les Français comprennent que c'est la vie de chacun d'entre eux. C'est la sécurité de ceux qui nous entourent qui est en cause chaque fois qu'on ne respecte pas les mesures qui ont été édictées.

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