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Coronavirus : "Les tests PCR sont fiables", avec les tests sanguins rapides, il faut rester prudent, explique un virologue

Le professeur Bruno Lina, membre du Conseil scientifique, affirme que l'objectif de 500 à 700 000 tests hebdomadaires à partir du 11 mai est "parfaitement réalisable", en ce qui concerne en tout cas les tests PCR qui passent par un prélèvement nasal.

Article rédigé par franceinfo
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Une soignante effectue un pélèvement nasal pour dépister une éventuelle infection au coronavirus, l 6 avril 2020 (illustration). (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

"Ce qui est important c'est de continuer à thésauriser sur les bénéfices du confinement en termes de réduction du nombre de cas, en termes de maîtrise de la circulation du virus", a indiqué samedi 25 avril sur franceinfo Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et membre du Conseil scientifique. Le Premier ministre va présenter mardi devant les députés "la stratégie nationale du plan de déconfinement". "Il faut bien comprendre que la phase qui va venir, c'est une phase qui est en continuité avec ce qui s'est passé. On n'est pas dans une période de rupture".

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franceinfo : Qu'attendez-vous du plan de déconfinement que le Premier ministre présentera mardi devant les députés ?

Pr Bruno Lina : Il faut bien comprendre que la phase qui va venir, c'est une phase qui est en continuité avec ce qui s'est passé. On n'est pas dans une période de rupture. Le confinement tel qu'on l'a fait est une période qui ne pouvait pas durer de façon éternelle. Ce qui est important c'est de continuer à thésauriser sur les bénéfices du confinement en termes de réduction du nombre de cas, en termes de maîtrise de la circulation du virus. On est dans une situation qui peut devenir presque confortable sans être imprudents à l'excès. Le temps qu'on a pris était celui qui était nécessaire pour que le nombre d'infections résiduelles en France, lorsque le confinement sera levé, reste assez faible. En parallèle on sait qu'on restera avec un nombre de patients en réanimation qui sera très significatif à peu près encore 2 000, mais avec une tendance à la baisse.


Qu'est-ce qui vous semble important dans les jours à venir ?


Ce qui est important, c'est qu'au moment où on va reprendre la vie sociale, les efforts du blocage vis-à-vis de la chaîne de transmission restent importants et surtout qu'on soit en capacité de pouvoir identifier très rapidement les micro-foyers de reprise épidémique. Si on arrive à immuniser au fil du temps la population française et que les plus fragiles restent protégés et qu'on arrive à reprendre la vie sociale avec la reprise des écoles, ce sera un succès. Il y aura probablement des points d'indicateurs qu'il va falloir suivre pour bien vérifier que la dynamique qui doit rester en décroissance, sans reprise épidémique, reste bien stable deux, trois semaines après la levée du confinement.

Localiser des foyers épidémiques, ça suppose des tests. Le ministre de la Santé annonce un objectif de 500 à 700 000 tests hebdomadaires à partir du 11 mai. C'est un objectif tenable ?


C'est un objectif qui est extrêmement ambitieux mais qui est parfaitement réalisable. Actuellement la capacité que l'on a est de 200 à 250 000 tests par semaine. Ce qui est en train de se mettre en place, c'est une série de plateformes de PCR à haut débit qui va permettre de doubler voire plus la capacité de tests. En parallèle, les hôpitaux continuent à s'équiper, les laboratoires privés aussi.

Le volume d'analyses qui pourra être fait à la sortie du confinement sera effectivement de 100 000 tests par jour. C'est énorme. Dans mon laboratoire de virologie dans les hospices civils de Lyon, 100 000 tests PCR c'est ce qu'on fait par an, lorsqu'on cumule le VIH, les hépatites, la grippe, tous les virus pour lesquels on fait une détection moléculaire. 

Bruno Lina, Professeur professeur de virologie au CHU de Lyon

à franceinfo

C'est là où on voit que c'est un effort considérable et qu'il a fallu pour cela monter des outils, développer des techniques et créer un environnement technique extrêmement riche. Chacune de ces plateformes qui vont faire 2 500 à 2 600 tests par jour supposent 35 personnes pour les faire tourner. On répète cela 20 fois sur le territoire. Cela va nous permettre d'avoir un niveau d'analyses qui va permettre de suivre régulièrement dans la durée 7/7, 24/24 avec un rendu d'analyses dans les 12 à 24 heures qui suivent le prélèvement, tous les cas, les identifier et avoir des conduites d'évitement de la chaîne de transmission.


Les tests sont-ils fiables ?


Les tests PCR sont fiables, ceux qui sont sur ces plateformes ont été évalués par le CNR (conseil national de référence), ils ont une excellente sensibilité. Même si de temps en temps, on a des patients qui ont des résultats négatifs alors qu'on s'attendait à ce qu'ils soient positifs. Il y a plusieurs raisons pour cela. Parfois, le prélèvement n'est pas bien fait. Il faut rentrer ce coton-tige entre 5 à 8 centimètres à l'intérieur du nez. C'est agressif, ça fait mal et parfois on ne veut pas faire mal à la personne qu'on prélève et malheureusement on fait mal le prélèvement et on a un résultat négatif alors qu'il devrait être positif. Par ailleurs, pour beaucoup de formes cliniques simples, il n'y a plus de virus au bout de 5 à 6 jours et si la personne consulte au 7e ou 8e jour, il n'y a plus de virus dans le nez, donc on ne peut pas trouver le virus quand il n'est pas là.


Où en est-on concernant les tests sanguins, qui peuvent montrer s'il y a une trace du virus dans le sang ?


C'est une question qui est difficile. Nous sommes en train, toujours au centre national de référence, de faire des évaluations. On essaye de travailler à toute vitesse mais nous avons 70 tests différents à évaluer. C'est un travail colossal et ce que l'on sait c'est qu'il y a deux types de tests, les tests rapides unitaires avec une goutte de sang prélevé au bout du doigt et ceux qui sont dans les laboratoires avec les machines en automate. Il y a énormément de dispositifs de tests rapides qui malheureusement ont des sensibilités et des spécificités qui ne sont pas bonnes. Il y a un nombre significatif de fois où les résultats sont erronés. C'est pour ça que l'OMS est extrêmement prudente sur les résultats que l'on peut avoir avec ces dispositifs. On peut faussement avoir l'impression d'être protégé ou de ne pas être protégé, de ne pas avoir d'anticorps. Durant la semaine prochaine, on devrait, au sein du CNR, libérer un certain nombre de kits qui sont bons et qui donnent des résultats interprétables.

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