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Coronavirus : "Il vaut mieux encadrer un déconfinement progressif que le laisser se déliter lui-même", selon une directrice de recherche à l'Inserm

"Il faut attirer l'attention des gens sur le fait que le danger n'a pas disparu", a rappelé Marie-Paule Kieny sur franceinfo, à trois jours du début du déconfinement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Marie-Paule Kieny, directrice de recherche à l’Inserm, le 22 décembre 2016. (MARTIAL TREZZINI / EPA / KEYSTONE / MAXPPP)

Depuis l'annonce du début du déconfinement, le 11 mai en France, des relâchements ont pu être observés un peu partout. Cette nouvelle phase va être observée attentivement. "C'est toujours inquiétant de voir comment ça va se passer, mais il fallait encadrer ce déconfinement", a expliqué vendredi 8 mai sur franceinfo Marie-Paule Kieny, directrice de recherche à l’Inserm, membre du CARE, ancienne sous-directrice générale à l’OMS. Selon la scientifique, "il y a un tel relâchement de la situation dans certains endroits qu'il vaut mieux encadrer un déconfinement progressif que de laisser le déconfinement se déliter lui-même."

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Une partie de la France reste en rouge, l'Île-de-France, les Hauts-de-France, le Grand Est et la Bourgogne-Franche-Comté, ainsi que Mayotte. "Il y a une différence à faire avec les régions où le poids du virus est devenu léger. Il faut aussi se garder de penser que, dans les régions vertes, tout est réglé, qu'on peut s'embrasser." Ce n'est "pas dangereux" de déconfiner les régions classées rouge mais "c'est quelque chose qu'il faut surveiller comme du lait sur le feu de façon à pouvoir redonner un coup de mesures plus strictes si besoin", a estimé Marie-Paule Kieny.
 
En Ile-de-France, il est demandé aux habitants de limiter leurs déplacements au strict nécessaire en raison de la couleur rouge des départements. "Il faut attirer l'attention des gens sur le fait que le danger n'a pas disparu. S'ils sont dans la rue, il faut qu'ils appliquent les gestes barrières et qu'ils portent un masque dans les milieux confinés."

Le port du masque constant "n'est pas nécessaire"

Sur le port du masque qui fait débat, Marie-Paule Kieny a estimé que l'obligation d'en porter constamment "n'est pas nécessaire". "On n'a pas de preuves qu'un masque porté par une personne en bonne santé, tout le temps, ajoute quelque chose à sa protection contre le virus, a-t-elle indiqué. Les études qui existent datent de l'épidémie de grippe. On sait qu'avec le coronavirus on est infectieux deux jours avant. Donc, cela rajoute des arguments pour porter des masques dans les milieux confinés, mais ça n'amène pas qu'on doive porter un masque quand on est seul quelque part ou dans la rue quand on n'est pas près d'autres personnes."
 
Une deuxième vague n'est pas à exclure, selon la directrice de recherche à l’Inserm. "Il est tout à fait plausible qu'en levant les mesures de confinement on aura une augmentation" du nombre de malades. "Jusqu'où ? C'est ça la question. Si c'est une petite augmentation ce sera supportable. Ce que l'on veut absolument éviter c'est une grande vague. Les pouvoirs publics en sont conscients et il faut qu'ils passent des messages à la population."

Il faut arriver à comprendre qu'on peut gagner contre une épidémie avec la population et pas contre la population.

Marie-Paule Kieny

à franceinfo

 
La France est prête à tester massivement, a annoncé Olivier Véran, le ministre de la Santé. "Il faudra faire un usage assez large des tests et c'est très dommage qu'on n'en ait pas eu avant. C'est surtout et beaucoup grâce à l'usage des tests" que la Chine a réussi à combattre le coronavirus. "Dans toutes les épidémies, il faut se donner les moyens de détecter tous les cas et à partir de là de détecter les contacts et de les mettre à l'isolement si nécessaire. C'est comme ça qu'on a réussi à éliminer l'épidémie d'Ebola", a expliqué Marie-Paule Kieny. Même si le gouvernement affirme qu'il y a assez de tests, "il en faudra plus parce que la population va vouloir savoir et voir qui peut être infecté. Donc, il faudra plusieurs types de tests."

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