Covid-19 : l'évolution des troubles dépressifs et anxieux depuis le début de la pandémie en trois dates clés
Depuis plus d'un an, Santé publique France suit l’évolution de la santé mentale des Français pendant l'épidémie de COVID-19. Voilà ce que l'on constate : les troubles dépressifs et anxieux ne baissent plus depuis fin octobre 2020.
Selon les derniers résultats de l'enquête Coviprev pour Santé publique France, 22% des personnes interrogées entre le 19 et 21 avril dernier, présentaient des troubles dépressifs et le même pourcentage présentait des troubles anxieux. Depuis le début de la pandémie, Coviprev suit l'évolution de la santé mentale des Français et surveille les inégalités de santé. Ces données servent aussi "au gouvernement à orienter et ajuster les mesures de prévention au cours de la pandémie."
À la lecture des différentes vagues d'enquête, on remarque des variations importantes concernant les états anxieux et dépressifs en fonction des annonces gouvernementales. Retour sur trois dates clés de cette pandémie pour la santé mentale des Français avec Enguerrand du Roscoät, en charge de la prévention et de la santé mentale pour Santé publique France.
16 mars 2020 : les états dépressifs et anxieux explosent après l'annonce du 1er confinement
Alors que la situation s'est dégradée partout en France, Emmanuel Macron s'exprime en direct à la télévision et annonce un confinement pour faire face à la pandémie de Covid-19. Il emploie même des mots très forts pour marquer la gravité de la situation : "Nous sommes en guerre".
Pour mesurer l'impact des annonces du gouvernement, Santé publique France lance quelques semaines plus tard son enquête en envoyant un questionnaire à un échantillon de 2 000 personnes. L'objectif est d'évaluer le niveau de santé mentale des Français et les premiers résultats sont inquiétants et montrent bien le niveau d'anxiété et dépression qui touche tout le pays.
"C'est lié à une situation tout à fait inédite avec des gens qui sont confinés chez eux, qui vont devoir jongler entre le travail et la gestion des enfants. On a observé notamment de très forts niveaux d'anxiété chez les parents d'enfants de moins de 16 ans."
Enguerrand du RoscoätEn charge de la santé mentale chez Santé publique France
Ainsi on note que 27% des Français interrogés présentent des troubles anxieux contre 13,5% avant la crise sanitaire (vague d'enquête entre le 23 et 25 mars). Les états dépressifs doublent aussi, passant de 10% à 20% (vague d'enquête entre le 30 mars et le 1er avril).
13 avril 2020 : après l'annonce du déconfinement, les indicateurs sont à la baisse
Quelques semaines après l'annonce du premier confinement les troubles anxieux diminuent rapidement et se stabilisent à un niveau malgré tout élevé (entre 15% et 22%). Ce qui n'est pas le cas des troubles dépressifs qui sont restés à un niveau très élevé durant tout le premier confinement. Le 13 avril 2020, Emmanuel Macron présente un calendrier de déconfinement qui doit débuter à partir du 11 mai : "Nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles et les lycées."
L'enquête Coviprev menée entre le 13 et 15 mai montre une baisse importante des états dépressifs. Fin mai, seulement 12% des Français interrogés présentaient des troubles dépressifs contre 19% début mai.
"Sans doute à ce moment-là, on se dit que la crise est passée. On va peut-être pouvoir revenir à une vie normale et la perspective des vacances est également là."
Enguerrand du RoscoätEn charge de la santé mentale pour Santé publique France
Deux mois plus tard, Emmanuel Macron s'exprime une dernière fois avant l'été et confirme des vacances sans confinement. Les états dépressifs et anxieux sont au plus bas depuis le début de la crise et resteront à ce niveau pendant tout l'été.
28 octobre 2020 : remontée des états dépressifs et anxieux après l'annonce du 2e confinement
Après avoir annoncé deux semaines auparavant un couvre-feu pour les zones les plus touchées par le Covid-19, Emmanuel Macron annonce la mise en place d'un nouveau confinement : "J'ai décidé qu'il fallait retrouver le confinement qui a stoppé le virus." Entre fin septembre et début novembre, les indicateurs de cas de dépression explosent et passent de 11% à 22% des personnes interrogées. Les états anxieux sont aussi nombreux, mais restent stables sur cette période (entre 19% et 20% des personnes interrogées).
"Cette dernière hausse des états anxieux et dépressifs s'explique par une situation d'incertitude quant à l'avenir, quant à l'évolution de l'épidémie et quant à la mise en place ou la fin des différentes mesures de contrôle. Et depuis ces annonces jusqu’à aujourd’hui, les états anxieux et dépressifs se maintiennent à un niveau élevé."
Enguerrand du RoscoätEn charge de la santé mentale pour Santé publique France
En effet, depuis l'annonce du deuxième confinement, les états anxieux et dépressifs se maintiennent à un niveau très élevé, au-dessus de 20% des Français interrogés. Et les derniers chiffres de l'enquête Coviprev, publiés par Santé publique France, confirment cette tendance.
Le numéro vert d'information Covid, le fil info santé jeune ou encore le site d'information sur la santé mentale Psychom : la pandémie a été l'occasion pour Santé publique France de remettre sur le devant la scène les ressources d'information sur la santé mentale et de sa prise en charge.
Pour rappel, la santé mentale était déjà, avant la pandémie, le premier poste de dépense de l'assurance maladie.
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