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Covid-19 : "Ce n'est pas tellement le fait de partir en exode en province qui pose un souci, ce sont les allers-retours", pointe un infectiologue

Pour le Dr Davido, si vous décidez de changer de région, c'est un "aller sans retour" le temps que durent les mesures de freinage de l'épidémie de coronavirus.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La gare Montparnasse, le 19 mars 2021 (illustration). (SIMON CARDONA / RADIOFRANCE)

"Ce n'est pas tellement le fait de partir en exode en province qui pose un souci, ce sont les allers-retours", a pointé vendredi 2 avril sur franceinfo Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) à la veille du week-end de Pâques durant lequel les déplacements sont tolérés par le gouvernement malgré les risques de propagation du virus.

franceinfo : Si on prend, par exemple, ce qui s'était passé au printemps 2020 ou à l'automne dernier, est-ce qu'il y a eu propagation du virus dans les régions d'accueil de ceux qui quittent les métropoles ?

Benjamin Davido : C'est très compliqué parce qu'au printemps dernier, on n'avait pas les outils de surveillance. On a eu l'impression, en tout cas, qu'il y a eu quand même une grande disparité à l'époque avec des grands foyers épidémiques : l'Île-de-France, le Grand Est, PACA et que globalement, la plupart des régions étaient préservées. Ce qu'il faut comprendre finalement, c'est que ce n'est pas tellement le fait de partir en exode en province qui pose un souci, ce sont les allers-retours, c'est-à-dire les brassages de population et donc le brassage du virus inhérent, d'autant plus avec des variants différents selon les régions. Et d'ailleurs, des variants qui n'expliquent pas forcément la montée en puissance de l'épidémie parce qu'on a des régions comme en Bretagne, sans me tromper, où il y a 50 % de variant sud-africain, et pourtant, ce n'est pas la région la plus impactée virologiquement.

En soi, les déplacements ne sont pas forcément des déplacements du virus, ce sont les allers-retours. Et donc, si on se déplace, c'est pour s'isoler ?

Absolument, c'est un aller sans retour s'il fallait résumer et au contraire, ça permet à l'extrême de diminuer la densité de population dans certains endroits, comme des grandes agglomérations qui sont justement des concentrations et des incubateurs à virus

Ça peut faire baisser la pression épidémique, en Île-de-France, notamment ?

Je crois que ça va être mineur. Si je devais donner un chiffre très arbitraire, il y a peut-être de 10 % des gens qui vont aller télétravailler, s'isoler. C'est ce qui s'est passé grosso modo en mars dernier. Ça n'a évidemment pas suffi à juguler. Je crois qu'encore une fois, le seul bémol, la seule inquiétude que je peux avoir, c'est que les gens, et on les comprend, profitent ce week-end de Pâques pour aller sur les bords du littoral, mais qu'à la suite de ces va-et-vient on se retrouve avec d'authentiques clusters. C'est ça qu'il faut éviter parce qu'on sait aujourd'hui que ce sont les réunions de famille qui sont les premiers lieux de contamination. Mais je pense que l'ensemble des Français a bien compris l'enjeu : c'est pendant le mois qui vient qu'il faut essayer de faire au mieux pour réduire ces interactions.

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