Confinement : davantage de "micro-transgressions" mais "pas de rejet massif des règles", analyse un chercheur
Jocelyn Raude, enseignant-chercheur en psychologie sociale, observe qu'il y a, depuis le premier confinement, une baisse de l'adhésion des Français aux mesures mais qu'il y a toujours une demande forte "d'intervention de la part de l'État" pour réguler l'épidémie de Covid-19.
"Il y a une forme de démultiplication de micro-transgressions par rapport au précédent confinement" mis en place pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, a estimé, jeudi sur franceinfo, Jocelyn Raude, enseignant-chercheur en psychologie sociale à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), spécialiste des maladies émergentes. Un sondage Ifop indique que 60% des Français ont déjà enfreint les règles du reconfinement, c'est bien plus que lors du premier confinement.
Les Français gardent "un comportement civique"
L'enseignant chercheur observe une "baisse sensible" du respect des règles par rapport au premier confinement : "On avait quand même quasiment 97% voire 98% de Français qui déclaraient respecter scrupuleusement les règles qui leur avaient été imposées. Et là, on est à 90%, c'est un peu moins".
Cependant, tient à nuancer Jocelyn Raude, "ce qu'on observe depuis plusieurs jours maintenant, depuis le début de ce reconfinement, c'est quand même le maintien d'un comportement relativement civique même s'il est beaucoup moins important".
On a des comportements qui sont de l'ordre de transgressions mineures et qui ne sont pas le rejet massif et généralisé des règles de confinement qui, elles, sont plutôt bien acceptées dans l'ensemble.
Jocelyn Raudeà franceinfo
Malgré cette baisse du respect des bonnes consignes et cette augmentation des micro-transgressions, le chercheur en psychologie sociale note "un taux de coopération extrêmement élevé, de l'ordre de 70% à 75% selon les enquêtes qui ont été réalisées ces derniers jours. Ce pourcentage est parmi les plus élevés dans le monde occidental." Même si, là encore, relève Jocelyn Raude "c'est quand même relativement inférieur à ce qui était observé il y a sept mois maintenant."
On a perdu en pourcentages dans l'adhésion, dans la coopération aux mesures. Mais il y a encore une demande sociale très forte d'intervention de la part de l'État pour réguler cette épidémie.
Jocelyn Raudeà franceinfo
En revanche, les enquêtes récentes de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) ont permis de voir qu'il y a "un basculement de l'opinion publique sur la question des commerces qui sont ou non essentiels parce qu'aujourd'hui, les Français sont vraiment partagés à 50/50 sur l'intérêt et l'utilité de fermer des commerces non essentiels, ce qui n'était pas du tout le cas il y a six mois", conclut Jocelyn Raude.
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