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Confinement : "J'étais enfermé chez moi depuis un mois et demi, j'ai un peu sauté sur l'opportunité", quand des citadins viennent travailler dans les vergers

Les postes de saisonniers sont restés vacants à cause du confinement et de la fermeture des frontières. Dans cette exploitation des Bouches-du-Rhône, ce sont habituellement des Marocains qui effectuent l'éclaircissement des pêchers. 

Article rédigé par franceinfo, Noémie Bonnin - Eric Audra
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sabrina, coiffeuse hors période de confinement, a été embauchée comme saisonnière par Patrice Vulpian, maraîcher à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône). (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

Les agriculteurs français sont en manque de main d’œuvre. La fermeture des frontières met en difficulté de nombreuses exploitations, habituées à faire travailler des ouvriers venus d’Afrique du nord ou d’Europe de l’est. C’est dans cette optique que le gouvernement et la FNSEA, principal syndicat agricole, ont lancé l’opération "Des bras pour ton assiette", afin que des Français qui ne peuvent travailler à cause du confinement viennent dans les champs. 

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Dans le verger de pêchers de Patrice Vulpian, à Saint-Martin-de-Crau, dans les Bouches-du-Rhône, c’est la saison de l’éclaircissage. Il faut enlever une partie des fruits, encore petits, pour laisser les autres grossir. "Pour moi c'est bon. Parfois ça mériterait d'une laisser une de plus", dit-il à ses ouvriers qui ne sont pas des habitués de la ferme.

Rémunération au smic

"Je suis coiffeuse habituellement", raconte Sabrina qui vit sa toute première expérience agricole,"c'est un régal" dit-elle le sourire aux lèvres. Ses ciseaux et sèches-cheveux ne semblent pas manquer à cette auto-entrepreneuse : "C'est vraiment une belle opportunité et puis je trouve que c'est une belle expérience, nouvelle, que je n'aurais pas pu faire autrement je pense". Sabrina a monté son salon de coiffure trop récemment pour pouvoir bénéficier des aides financières destinées aux commerçants et artisans. Le salaire au smic qu'elle va toucher pour le travail aux champs est donc plus que bienvenu.

Patrice Vulpian, maraîcher à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône) sélectionné 16 ourviers agricoles parmi une quarantaine de candidats. (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)


Ces ouvriers agricoles débutants ont été formés. "C'est vrai que la première fois on se dit 'est-ce que je vais faire une bêtise ou pas?' et puis ensuite le geste vient doucement, doucement", confie Sabrina. Benoit découvre aussi le travail dans les pêchers : "J'habite dans un 25m². J'étais enfermé chez moi depuis un mois et demi, j'ai un peu sauté sur l'opportunité." Lui qui est habituellement cariste, en interim relativise son travail au verger : "Sincèrement ce n'est pas vraiment physique, il faut rester huit heures debout par jour en plein soleil, c'est la seule contrainte. On le sent dans les jambes le soir."

16 candidats retenus sur 40

Des saisonniers au profil inédit, Patrice, le patron, en a vu pas mal, une quarantaine de postulants, pour 16 places. Ces postes sont restés vacants à cause du confinement et de la fermeture des frontières. D’habitude, ce sont des Marocains qui viennent cueillir les pêches. "Même si on est sûr qu'ils n'ont pas la technique, il faut quand même qu'ils soient motivés, un peu dégourdis pour pouvoir arriver à s'approcher de l'efficacité de nos travailleurs habituels."

Mais Patrice s’inquiète surtout pour les prochaines semaines : "Bon aujourd'hui, l'éclaircissage, c'est vraiment une opération qui n'est pas très technique. Quand on arrive au ramassage, c'est un peu plus compliqué. C'est plus pénible, il fait plus chaud, le matin il y a des moustiques. Après le déconfinement, il y en a une partie qui vont partir déjà. La coiffeuse, elle va repartir, ce sera beaucoup plus difficile pour la récolte." L’arboriculteur espère donc que les ouvriers du Maghreb pourront revenir travailler d’ici début juin.

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