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Confinement : "Cela va conduire à une augmentation des passages à l'acte suicidaire", alertent des psychiatres

Avec la consommation d'alcool, les ruptures de traitement, les processus de deuils impossibles, le monde de la médecine psychiatrique redoute une vague de dépressions.

Article rédigé par franceinfo, Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Ces derniers jours, les urgences de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, ont dû prendre en charge de plus en plus de patients en détresse psychologique. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Alors que les Français sont contraints de rester chez eux au moins quatre semaines de plus, les effets du confinement commencent à se faire sentir sur la population. Multiplication des troubles anxieux, dépression, insomnies, décompensation chez les plus fragiles : une crise sanitaire d’un autre genre inquiète les psychiatres.

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Ces derniers jours, les urgences de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, ont dû prendre en charge de plus en plus de patients en détresse psychologique. Le Samu a même dû intervenir sur des défenestrations. Et ce n’est que le début, estime la psychiatre Lucie Joly qui travaille à l’hôpital. "Forcément, explique-t-elle, il y a une majoration des conflits conjugaux, une augmentation des consommations d’alcool, des patients qui sont en rupture de traitement et à mon avis, cela va conduire à une augmentation des passages à l'acte suicidaire. J’ai l’impression que nous aussi, les psychiatres, on attend la vague".

Deuil pathologique

Il y aussi la question du deuil, de ces enterrements en comité restreint, sans cérémonie, qui risquent d’avoir de lourdes conséquences, estime Marion Rieutor, psychiatre à l’hôpital George Pompidou : "Ce qui va arriver, indique la praticienne, c’est la gestion des décès, des familles qui ne peuvent pas venir voir leur proche, dans le processus de deuil, il y a des étapes et ne pas être auprès de la personne décédée, ne pas pouvoir dire au revoir, il y a tout un processus qui ne peut pas être fait. Et il y a vraiment une grosse crainte en termes de deuil pathologique par exemple." Les psychiatres alertent aussi au sujet de l’état de stress post-traumatique des patients sortis de réanimation, mais aussi de tous les soignants montés au front. Leur travail d'accompagnement ne fait que commencer.

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