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Carte des départements : "On ne peut que s'interroger sur l'aspect rouge et vert", soulève l'Ordre des médecins

L'Ordre craint que le vert considéré classiquement comme "permissif" et le rouge comme "interdit" ne faussent le message général de vigilance qui doit prévaloir.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Patrick Bouet, président du Conseil national de l’ordre des médecins, le 12 octobre 2017 à Paris. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

"On ne peut que s'interroger sur l'aspect rouge et vert qui tendrait à penser qu'il y a une différence significative entre deux types de départements et qui peut troubler les esprits de celui qui l'entend", questionne le président du Conseil national de l'Ordre des médecins Patrick Bouet jeudi 7 mai sur franceinfo, quelques heures avant que le Premier ministre Édouard Philippe ne dévoile la carte définitive du déconfinement, dans laquelle certains départements seront rouges et d'autres verts.

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franceinfo : Pensez-vous que la répartition des départements par couleur soit une bonne méthode ?

Patrick Bouet : Le système qui consiste à analyser localement comment se passe la circulation du virus est un bon système. On ne peut que s'interroger sur l'aspect rouge et vert qui tendrait à penser qu'il y a une différence significative entre deux types de départements et qui peut troubler les esprits de celui qui l'entend. [Celui qui est dans un département vert] peut avoir le sentiment que le vert, qui est classiquement pour nous permissif, s'oppose au rouge qui est une question d'interdit.

Or, ce ne sera pas aussi caricatural que cela et il faudra être très vigilant à ce que, dans les deux cas de figure, la population et les citoyens soient très prudents sur l'ensemble du respect des mesures barrières. 

Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins

à franceinfo

 Le gouvernement gère-t-il bien la crise sanitaire, selon vous ?

Je pense que depuis le début de la gestion de cette crise, nous voyons bien qu'il y a des difficultés, sur le plan de la logistique, d'accompagnement des mesures politiques. Bien entendu, nous serons, nous, très vigilants à ce que la stratégie de dépistage que nous avons demandée depuis pratiquement le début de cette épidémie soit parfaitement développée parce qu'elle conditionne la capacité pour le pays de pouvoir continuer de s'engager dans ce déconfinement. Donc je pense qu'aujourd'hui, il y a beaucoup d'annonces au niveau politique et qu'il serait important que la logistique administrative suive les annonces politiques.

Après le déconfinement, des brigades sanitaires enquêteront dans chaque département auprès des proches des malades. Est-ce une bonne chose ?

D'abord, c'est un mauvais terme. Les brigades, ça ne veut pas dire ce que cela sera. Ce sont en fait des équipes pluri-professionnelles qui vont, avec les médecins généralistes, les médecins traitants, avec la plateforme de l'Assurance maladie, assurer la sécurisation du déconfinement par l'analyse et l'enquête et le suivi des cas contacts, des cas contaminés et des isolements. Donc, on n'est pas là dans un système de brigades. On est là dans un système d'accompagnement qui va être essentiel, mais essentiel parce qu'il sera lié avec l'ensemble des autres acteurs dans cette période. C'est une réponse, nous verrons si c'est la bonne.

Qui aura accès au fichier des malades du Covid-19 ?

Nous avons demandé à ce qu'il n'y ait pas de fichier de malades au sens d'un fichier qui contiendrait des données médicales. Nous savons aujourd'hui que les médecins vont gérer les personnes contacts dans le milieu familial et les personnes contaminées. Nous savons que l'assurance maladie aura une plateforme à partir de laquelle elle émettra un certain nombre d'éléments de suivi, notamment par les équipes professionnelles qui iront au contact de ces personnes dans le milieu professionnel ou des personnes qui auront pu être à côté de ces personnes contaminées. Nous savons que tout ceci est un échange d'actions, mais nous avons été très clairs : il ne s'agira pas de partager des données médicales avec d'autres acteurs que les acteurs médecins. Nous avons demandé instamment au gouvernement d'assurer cette fonction fondamentale qui est la protection des personnes. Les plateformes, pour fonctionner, n'ont pas besoin de données médicales, elles ont besoin, comme dans une maladie à déclaration obligatoire, de savoir qui est atteint et où est cette personne.

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