Reportage "Je revis comme si j'étais voyant" : comment la pratique du vélo change pour s'adapter aux personnes en situation de handicap

Si la pratique du vélo a explosé en France ces dernières années, et avec elle les vélos adaptés aux personnes en situation de handicap, il reste tout de même encore du travail, notamment sur les infrastructures en ville.
Article rédigé par franceinfo - Alexis Arades
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
La pratique du vélo pour les personnes en situation de handicap se développe mais il reste des efforts à faire. (Photo d'illustration). (REMY PERRIN / MAXPPP)

Pour la sixième année, le festival Vélo in Paris s'installe au Parc Floral, dans le bois de Vincennes, jusqu'au lundi 29 avril. L'occasion de discuter des différents enjeux de développement du vélo, avec des tables rondes et conférences, comme autour de l'adaptation du vélo pour les femmes ou encore l'accessibilité pour les usagers porteurs d'un handicap. 

Pendant que petits et grands font des courses de draisiennes, d'autres découvrent des vélos qui ouvrent de nouveaux horizons, comme le handbike, "un vélo à propulsion manuelle, avec un 'maindalier' et pas un pédalier", détaille Paul Mousny, qui a fondé une association pour permettre l'accès à des voyages à vélo pour des personnes atteintes de handicap.

Du vélo "comme tout un chacun"

"C'est un outil fabuleux", pour les personnes en fauteuil, par exemple, explique-t-il. "Parce que le fauteuil c'est bien, mais le pousser à bout de bras sur des chemins, ce n'est pas très facile. Au bout d'un kilomètre, c'est très compliqué. En revanche, le handbike est un outil qui permet de s'évader complètement, en pure autonomie", se réjouit Paul Mousny, qui permet "à ces gens-là de faire des voyages à vélo comme tout un chacun."

À chaque handicap sa "vélosolution". Christophe Dérouet est non-voyant et fondateur du site handivélo.fr. Lui pratique le tandem, mais il y a des obstacles à la pratique. "La difficulté, bien sûr, c'est d'avoir des pilotes pour nous guider, parce que pour l'instant on n'a pas trouvé de techniques pour faire du vélo tout seul. Et l'architecture aussi : les barrières anti-motos bloquent en tandem. C'est aussi un frein pour les personnes qui veulent faire du vélo."

Des infrastructures encore trop contraignantes 

Une question d'aménagements qui est justement au centre de la mission de Marie Lemière, chargée de projet à la délégation ministérielle pour l'accessibilité. "C'est vrai que maintenant, il y a une diversité de vélos. Il y a des handbikes, des tandems, des tricycles. Donc il faut prendre en compte toutes les diversités de problématiques et d'obstacles qu'ils peuvent rencontrer."

Marie Lemière détaille : "On pense notamment aux chicanes, aux blocs anti-intrusion des véhicules motorisés. On reçoit beaucoup de sollicitations de la part des clubs des fédérations françaises de handisports, qui nous disent qu'il y a des routes et des aménagements qui sont neufs, mais où le handbike ne peut pas passer."

"Ce sont toutes ces petites choses qu'il faut prendre en compte, mais ça se développe et il faut co-construire, l'avenir est devant nous."

Marie Lemière

à franceinfo

Il reste donc long travail de concertation pour permettre à tous le plaisir du vélo. Un plaisir parfaitement exprimé par Christophe Dérouet : "Quand je suis à l'arrière, je revis comme si je n'étais pas non-voyant. Ça, c'est un plaisir évidemment. On a le vent, on a les sensations de revivre un peu les choses, c'est un peu la philosophie du vélo." Tous les participants du festival s'accordent : il reste du chemin pour que le vélo s'ouvre définitivement à tous les handicaps. 

Concilier handicap physique et pratique du vélo : reportage d'Alexis Arades

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