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Mesures en faveur des personnes handicapées : "Malheureusement, il y a encore beaucoup de choses à faire", regrette Philippe Croizon

Philippe Croizon attend davantage du gouvernement, même s'il salue des mesures "symboliques" importantes.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Philippe Croizon le 11 juin 2012. (KHALIL MAZRAAWI / AFP)

Le gouvernement a présenté jeudi 25 octobre une série de mesures pour "changer le quotidien" des personnes handicapées. Les handicapés sous tutelle auront notamment à l'avenir un droit de vote inaliénable et pourront se marier, se pacser, divorcer, sans qu'un juge puisse les en priver. Des mesures "symboliques" importantes, mais "tout type de citoyen doit être un citoyen comme un autre et malheureusement, il y a encore beaucoup de choses à faire", déplore sur franceinfo Philippe Croizon, amputé des quatre membres, auteur du livre Pas de bras, pas de chocolat (éditions de l'Opportun) et parrain de l'académie privée handisport "Philippe Croizon".  

franceinfo : Le droit de vote inaliénable, est-ce que ça répond à une véritable attente ou est-ce une avancée plus symbolique selon vous ?

Philippe Croizon : On va dire symbolique mais c'était aussi une attente de l'ONU qui avait pointé la France du doigt en disant 'Comment ça se fait que, chez vous, les personnes handicapées ne puissent pas voter ?' Mais cela pose des difficultés. Pour une personne qui a un handicap mental par exemple, sur le bulletin de vote, il faudrait une photo pour que la personne puisse reconnaître le visage, ou du braille pour les personnes non voyantes.

Lorsqu'il s'agit d'un handicap mental, ça pose tout de même la question de l'indépendance de ce vote. Ne risque-t-il pas d'y avoir une influence de ces personnes par leurs tuteurs par exemple?

Forcément que si, mais je pense que nous aussi on est tous influencés autant qu'on soit. Moi aussi. Qui va lire le programme de ceux qui vont se présenter à une élection ? En réalité, pas grand monde. Donc on est tous influencés par ce qu'on va lire, parce qu'on va écouter à la radio, voir à la télévision. On est aussi tous influencés, plus ou moins, par nos proches. Mais je pense qu'aujourd'hui ce n'est pas la plus grosse des difficultés. Tout type de citoyen doit être un citoyen comme un autre. Il ne doit pas être mis en marge de la société.

Dans les mesures annoncées, le gouvernement vise aussi la simplification administrative. C'est un casse-tête aujourd'hui l'administration lorsqu'on est en situation de handicap ?

C'est un enfer vous voulez dire. Même moi je suis obligé, tous les deux ou trois mois, de remplir un document pour dire que je suis toujours handicapé. C'est juste infernal. Mes membres ne vont pas repousser par magie, je suis amputé des quatre membres, point. Ils ont dit qu'ils allaient simplifier ça et mettre en place des droits à vie pour les personnes dont la situation ne peut pas changer. Mais il y a un truc qui me chagrine vraiment, c'est que mercredi au Sénat, il y a eu une plénière pour discuter d'un projet de loi sur le revenu des personnes handicapées. Et j'ai entendu que les personnes handicapées mentales vont pouvoir se marier, divorcer et se pacser comme elles veulent. Mais alors, j'espère surtout qu'ils ne vont pas tomber amoureux de quelqu'un qui a des revenus. Parce que ça veut dire que eux on va leur sucrer leurs revenus. Aujourd'hui en France, une personne handicapée qui va tomber amoureuse de quelqu'un qui va être salarié, qui va avoir un revenu, on va lui enlever sa pension d'adulte handicapé pour qu'elle soit dépendante de la personne avec qui elle va se marier. Ça, c'est assez affreux.

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