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Journée nationale de l'autisme : les adultes et seniors sont dans des "situations dramatiques", dénonce la présidente d'une association

À la veille de la journée nationale de l'autisme, Christine Meignien a pointé sur franceinfo "l'incapacité de mettre en place une politique équitable" pour les personnes autistes adultes en France.

Article rédigé par franceinfo
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Un panneau pour l'association Vaincre l'autisme, à l'occasion d'une journée mondiale de sensibilisation à cette maladie, le 31 mars 2018 à Paris. (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

Christine Meignien, présidente de la Fédération française sésame de l’autisme, a estimé vendredi 1er avril sur franceinfo que la situation des adultes et seniors autistes est "très mal appréhendée". À la veille de la journée nationale dédiée à ce trouble du neuro-développement, elle juge que la France "manque de moyens" pour déployer des plans plus ambitieux en faveur de personnes autistes.

franceinfo : Comment peut-on améliorer la vie quotidienne des personnes autistes et de leurs proches ?

Christine Meignien : Il y a encore beaucoup de choses à mettre en place car les parcours sont compliqués. D'abord, le diagnostic : il est difficile de savoir à qui s'adresser et comment, et qui nous donnera un diagnostic. Il n'y a pas de centre de diagnostic partout. C'est dommageable car ça crée une perte de temps. Il faut aider l'Éducation nationale à mettre en place les bons outils pour la scolarisation de l'enfant. À l'adolescence, il faut créer des dispositifs pour les 16-25 ans qui ont besoin d'un parcours quand ils sortent du collège, car parfois rien n'est proposé. Enfin, on tombe dans des situations dramatiques pour les adultes et les seniors, qui sont très mal appréhendées jusqu'à aujourd'hui.

D'après vous, les plans autisme ne sont pas suffisants ?

Ils ont apporté la reconnaissance de l'autisme et des avancées, notamment pour les enfants. Mais ils ont toujours eu l'incapacité de mettre en place une politique équitable pour les personnes adultes.

"Techniquement en France, la situation des adultes dépend des politiques des départements, et tant que ça restera comme ça, il y aura une dichotomie entre les effets d'annonces du gouvernement et la mise en place sur le terrain des solutions qui devraient être mises en place."

Christine Meignien, présidente de la Fédération française sésame de l’autisme

à franceinfo

Il faut innover, qu'il y ait de plus en plus d'autonomie et d'autodétermination chez ces adultes, qu'ils puissent choisir leur vie. Il y a encore du chemin car c'est tout un pan de la société qu'il faut mobiliser autour de ces choix de vie.

Quelles sont les demandes que vous faites aux pouvoirs publics ?

Il nous faut une politique de l'autisme parce qu'on n'a pas fini de sortir de l'ornière, notamment quand on voit combien la situation des adultes est compliquée, dramatique pour certains. Il existe encore des personnes obligées de s'exiler, qui sont oubliées et sans solution. Il faut donc sortir de cet engrenage systématique. Ensuite, il nous faut des moyens financiers, humains et administratifs. Parfois, il suffit d'assouplir certaines règles administratives pour débloquer des situations assez concrètes. Il faut toujours avoir un levier sur la recherche et le diagnostic parce qu'il n'y a qu'en essayant de repérer, diagnostiquer et voir les besoins des personnes qu'on pourra construire vraiment les solutions. Pour l'instant, il n'y a aucun chiffre en France sur ces besoins réels donc c'est dramatique. À l'époque du numérique, on devrait pouvoir récolter un certain nombre de données. Les leviers qui peuvent être levés sont financiers, humains mais aussi la recherche et les équipes de diagnostic.

Y a-t-il des pays sur lesquels on pourrait prendre exemple car ils sont en avance sur ces questions ? La Belgique par exemple ?

La Belgique a permis à certains Français de trouver des solutions adaptées avec un accueil beaucoup plus ouvert qu'en France. Maintenant, la France a des capacités de pratiques égales à la Belgique, mais il nous manque les moyens pour construire les réponses. Il nous faut des réponses plus ouvertes, plus inclusives qu'on ne l'a fait jusqu'à présent.

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