Handicap : Élisabeth Borne n'a "pas eu l'intention de blesser" l'auditrice de France Bleu à qui elle avait suggéré de "reprendre une activité professionnelle"

Elisabeth Borne a assuré mercredi 8 juin n'avoir "naturellement pas eu l'intention" de "blesser" une auditrice handicapée, à qui elle a suggéré de "peut-être reprendre une activité professionnelle" lors d'un échange sur France Bleu. Mardi, dans l'émission "Ma France" sur France Bleu, Dolorès, une auditrice en fauteuil après un grave accident, a demandé à la cheffe du gouvernement "si l'État [comptait] faire quelque chose pour les personnes qui sont handicapées" et l'interpelle sur la "déconjugalisation" de l'allocation aux adultes handicapés (AAH). En réponse, Elisabeth Borne lui a suggéré qu'elle puisse "peut-être reprendre une activité professionnelle". L'auditrice a alors éclaté en sanglots, et la séquence a été vivement critiquée, notamment à gauche.  

La Première ministre est revenue sur cet échange, mercredi lors d'un point presse à Versailles. "Si la personne a pu être blessée par mes propos, évidemment je le déplore, je n'ai naturellement pas eu l'intention de la blesser, a-t-elle assuré. J'ai depuis essayé de la recontacter, on n'a pas réussi à se joindre mais mes équipes ont pu échanger longuement avec elle. Je mesure à quel point cette personne a pu avoir un parcours de vie difficile et donc je le redis, évidemment, il faut l'accompagner, l'aider à surmonter ce moment très délicat pour elle."

"Je me suis sentie comme une tache pour la société", a confié Dolorès

Un peu plus tôt, mercredi, l'auditrice de France Bleu était elle aussi revenue sur cet échange polémique avec la Première ministre. "Je n'en veux pas du tout à Elisabeth Borne, a-t-elle assuré. Peut-être que oui, j'ai mal pris la réponse, qui n'était pas ce que j'attendais. Ma seule attente, c'était qu'elle me dise : oui madame, le dossier de la déconjugalisation de l'AAH va être ouvert." Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de "bouger" sur l'individualisation de l'allocation adulte handicapés - c'est-à-dire son calcul sans tenir compte des revenus du conjoint -, une évolution que son gouvernement et sa majorité a rejetée plusieurs fois l'an dernier. "Je me suis focalisée sur sa réponse sur le travail, parce qu'on m'a fermé les portes en raison de mon fauteuil, a-t-elle expliqué. Je me suis sentie comme une tâche pour la société, j'ai encore du mal aujourd'hui."