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Pourquoi la Grande barrière de corail aura peut-être disparu dans 20 ans

Avec 93% des récifs touchés, il s'agit du pire épisode de blanchissement des coraux jamais enregistré.

Article rédigé par franceinfo
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Un plongeur inspecte la Grande barrière de corail, sur l'île d'Heron, en Australie, le 20 avril 2016.  (AFP)

Si l'eau des océans ne rafraîchit pas, les coraux vont mourir. De nombreux récifs de la Grande barrière de corail, joyau du patrimoine australien, sont menacés en raison d'épisodes massifs de blanchissement provoqués par le réchauffement climatique. Selon des experts du Centre of Excellence for Climate System Science, qui publie un nouveau rapport sur le sujet (en anglais), jeudi 28 avril, ces coraux risquent de disparaître d'ici 20 ans.

Quelle est la cause de cette catastrophe écologique ?

Ces dernières années, la hausse de la température de l'eau a entraîné l'expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur et ses nutriments. Ce phénomène de dépérissement se traduit par une décoloration des coraux : c'est le blanchissement. Les récifs peuvent s'en remettre si l'eau refroidit, mais ils peuvent aussi mourir si le phénomène persiste. Cette année, l'eau est particulièrement chaude dans cette zone de l'océan Pacifique.

La résurgence du courant chaud équatorial du Pacifique El Niño, couplé aux effets du réchauffement climatique, ont provoqué le pire épisode de blanchissement corallien jamais recensé.

La Grande barrière de corail et l'île de Lady Elliot, en Australie, le 9 juin 2015.  (DAVID GRAY / REUTERS)

Et cela deviendra la norme si les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, continuent d'augmenter, assurent les experts du Centre of Excellence for Climate System Science. "Ces températures extrêmes seront la norme dans les années 2030, soumettant les écosystèmes de la Grande barrière de corail à une très forte pression", indique l'un d'eux.

Et comme il faut parfois une quinzaine d'années aux récifs pour se remettre de tels épisodes de blanchissement, "nous risquons de perdre des pans entiers de la Grande barrière dans les deux décennies qui viennent", avertissent les chercheurs. Et pour cause : ces épisodes pourraient même survenir tous les deux ans.

Quelle est l'ampleur des dégâts ?

Des observations aériennes et des inspections sous-marines ont permis aux chercheurs de l'université James Cook de Townsville, dans l'Etat du Queensland (Australie), de constater que seuls 7% de la Grande barrière avaient échappé au blanchissement. Avec 93% des récifs touchés, il s'agit du pire épisode de blanchissement des coraux jamais enregistré.

Les dégâts varient entre le sud de la Grande barrière, où les récifs devraient être en capacité de se remettre rapidement, et le nord, où les conséquences sont très graves. Sur les 911 récifs étudiés, seuls 68 ont échappé au blanchissement, qui est également observé dans d'autres zones du pays, comme en baie de Sydney.

Pire, selon un chercheur de l'université James Cook, ce blanchissement observé est le symptôme d'un problème global. "C'est un problème qui ne concerne pas que l'Australie", a-t-il prévenu, en citant des informations faisant état du dépérissement de coraux en Indonésie ou encore aux Maldives.

Pourquoi est-ce inquiétant ? 

Quelque 500 millions de personnes dépendent directement des coraux dans le Pacifique, explique le magazine Sciences et Avenir dans un article dédié à l'expédition Tara, prévue en mai dans cette zone. "Les récifs coralliens sont de fait la plus grande bio-construction de notre planète : un seul km2 de récifs coralliens rassemble l’équivalent de toute la biodiversité des côtes françaises", explique Serge Planes, le directeur scientifique de l’expédition, cité par Sciences et Avenir. 

"Leurs services écosystémiques sont estimés à 30 milliards de dollars par an", poursuit le spécialiste, rappelant que "8% de la population et environ 1 milliard de personnes vivent à moins de 100 km d’un récif corallien". Une donnée inquiétante lorsque l'on sait que "les récifs coralliens protègent (...) les côtes de l’érosion, offrent via les lagons des ports sûrs et sont de véritables viviers de nourriture", poursuit le magazine.

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