Gels douche, shampooing, déodorants, dentifrices... Tous ces produits de salle de bains dont vous devriez lire les étiquettes
Dans une nouvelle étude, publiée mercredi, l'UFC-Que Choisir recense plus de 1 000 produits cosmétiques contenant des ingrédients "indésirables".
Votre salle de bains ne vous veut pas que du bien. L'UFC-Que Choisir a publié, mercredi 7 juin, une nouvelle liste de plus de 1 000 produits qui contiennent un ou plusieurs "ingrédients indésirables". De quoi vous faire réfléchir sur les tubes et les pots que vous utilisez tous les jours.
En s'appuyant sur le travail effectué par l'association, qui répertorie 12 catégories de substances à éviter, franceinfo vous dresse la liste (non exhaustive) des produits dont vous devriez lire attentivement l'étiquette si vous souhaitez appliquer le principe de précaution.
Les dentifrices : attention au sodium lauryl sulfate, au propylparaben et au triclosan
Le premier risque de vous irriter la bouche, les deux autres sont des perturbateurs endocriniens. Comme l'explique l'Anses, un perturbateur endocrinien est une substance chimique naturelle ou artificielle qui interfère avec notre système hormonal. Il peut nuire à la fertilité, au métabolisme et au développement d'un individu. Les jeunes enfants et les femmes enceintes y sont particulièrement sensibles.
Selon l'UFC-Que Choisir, 71 dentifrices vendus en grandes surfaces contiennent l'un de ces trois ingrédients indésirables. Les grandes marques comme Signal, Colgate et Oral-B figurent en bonne place dans cette liste.
Quelle alternative ? Commencez par lire attentivement les étiquettes avant de faire votre choix, à la recherche des 12 substances listées par l'UFC-Que Choisir. "Il n'y a pas de recette miracle. Il faut prendre ses lunettes et prendre la peine de lire la liste de composition, expliquait Olivier Audrault, de l'UFC, contacté en octobre 2016 par franceinfo. On a mâché le travail aux consommateurs en sélectionnant les composants les plus problématiques."
Shampooing et colorations capillaires : des allergènes et des perturbateurs endocriniens à l'assaut de vos cheveux
Avec les dentifrices, le shampooing font partie des type de produit les plus représentés parmi les flacons épinglés par l'UFC-Que Choisir, avec 111 produits. On y trouve une liste impressionnante (et difficile à lire) de produits indésirables : des allergènes comme les methylchloroisothiazolinone et methylisothiazolinone, des substances irritantes comme le sodium lauryl sulfate ou l'ammonium lauryl sulfate, ainsi que des perturbateurs endocriniens comme le propylparaben ou l'ethylhexyl methoxycinnamate. Méfiance également si vous vous utilisez des soins capillaires : 76 produits présentent les mêmes ingrédients indésirables que les shampooings.
Quelle alternative ? En matière de shampooing comme de gel douche, il vaut mieux privilégier "les produits sous forme de savonnette plutôt que de gel douche : moins il y a d'ingrédients, mieux ça vaut", expliquait à Metronews Philippe Perrin, directeur de l'Institut de formation en santé environnementale. Le site spécialisé Slow Cosmétique propose des modèles de shampooing solide.
Les gels douche : gare au methylisothiazolinone et à l'ammonium lauryl sulfate
Sous la douche, vos gels proposent un éventail de produits indésirables. On peut y trouver du methylisothiazolinone et du methylchloroisothiazolinone, deux allergènes. Mais également du sodium lauryl sulfate et de l'ammonium lauryl sulfate, deux irritants, des perturbateurs endocriniens comme le sodium propylparaben. Au total, 67 gels douche contiennent l'un de ces produits. Là encore, de grandes marques comme Le Petit Marseillais figurent dans cette liste. "Les perturbateurs endocriniens sont à bannir chez les tout-petits, les adolescent(e)s et les femmes enceintes", rappelait l'UFC-Que Choisir, en octobre 2016.
Quelle alternative ? Là, encore, il faut lire la notice et privilégier les savons solides, qui comportent moins d'ingrédients.
Les déodorants : attention aux sels d'aluminium et au cyclopentasiloxane
Vos voisins de métro vous remercieront peut-être, mais pas votre corps. S'asperger les aisselles de déodorant tous les matins est potentiellement risqué, selon une nouvelle étude publiée dans l'International Journal of cancer (en anglais) en septembre 2016. L'oncologue suisse André-Pascal Sappino et son compatriote Stefano Mandriota ont étudié l'impact des sels d'aluminium, un composant que l'on retrouve dans la plupart des déodorants, sur le cancer du sein. Résultat : "Le réquisitoire contre les déodorants contenant de l'aluminium, soupçonné d'être cancérogène, s'alourdit", expliquaient les deux hommes lors de la publication de leur étude.
Menée sur des souris, l'étude fournissait "des preuves expérimentales que les sels d'aluminium pourraient être cancérigènes". Ils recommandaient alors d'appliquer le principe de précaution : "La sagesse voudrait que l'on évite l'emploi de ces antitranspirants", estimaient-ils, en citant l'exemple de l'amiante, dont on a mis cinquante ans à prouver la toxicité.
Reste que les sels d'aluminium ne sont pas les seules substances qui posent problème au rayon déodorant. L'UFC-Que Choisir a relevé la présence d'un perturbateur endocrinien, le cyclopentasiloxane, dans 30 produits.
Quelle alternative ? Pas de panique. "Cette étude, c'est beaucoup de bruit pour rien. Les conditions [une expérience sur des souris] sont très éloignées de l'application d'un déodorant", estimait la dermatologue Catherine Oliveres-Ghouti, contactée par franceinfo, lors de la sortie du rapport. D'autres études, citées par Allodocteurs.fr, n'ont pas décelé de lien entre les sels d'aluminium et le cancer du sein.
Si vous êtes cependant un adepte du principe de précaution, les déodorants sans sels d'aluminium existent. Vous pouvez également opter pour une solution plus radicale : fabriquer vous-même votre anti-transpirant. De nombreux tutoriels existent sur internet. "Tout dépend de la recette", précisait Olivier Andrault, qui mettait en garde contre l'utilisation de "quelques gouttes de conservateur" ou d'huiles essentielles allergisantes.
Maquillage : évitez les BB crèmes, certaines crèmes antirides et certains sticks à lèvres
Un peu plus haut sur l'étagère, les produits cosmétiques ne sont pas en reste. Certaines BB crèmes – pour "blemish balm cream", un produit qui "ne colore pas mais corrige les imperfections" selon Marie Claire – contiennent des perturbateurs endocriniens comme l'ethylhexyl methoxycinnamate et le cyclopentasiloxane. On retrouve certains de ces ingrédients dans 11 crèmes antirides et 37 crèmes visage examinées par les équipes de l'UFC-Que Choisir, avec parfois, en sus, du propylparaben, du butylparaben ou du triclosan. Circonstance aggravante, "les substances à risque sont encore plus préoccupantes dans les produits non rincés", comme ces crèmes, précisait l'UFC-Que Choisir, en octobre 2016.
Méfiez-vous enfin de vos sticks à lèvres (24 produits testés) et des vernis à ongles (26 produits), qui peuvent contenir des perturbateurs endocriniens. Les hommes ne sont pas épargnés : les gels coiffants (allergènes), les après-rasage (perturbateurs endocriniens) et les crèmes nettoyantes (perturbateurs endocriniens et allergènes) figurent dans la liste rouge.
Quelles alternatives ? Vous pouvez vous rabattre vers les produits bio. "Le cahier des charges des produits biologiques est beaucoup plus restrictif, expliquait Olivier Andrault à franceinfo. Cela peut être un moyen de limiter l’exposition à certaines substances, comme les parabens, des conservateurs comme le BHA et le BHT, ou le phenoxyethanol". En matière de cosmétique, plusieurs labels, comme Eco et Bio de Cosmebio ou Ecocert, existent. Mais, là encore, pensez à lire l'étiquette : "Pour compenser l’absence de conservateurs, les cosmétiques bio ont tendance à utiliser plus d’huiles essentielles, dont certaines sont allergisantes", rappellait Olivier Andrault.
Pour votre enfant : méfiez-vous des lingettes pour bébés
Les fabricants de produits hygiéniques ne sont pas plus précautionneux avec les produits destinés aux enfants : 10 lingettes pour bébés sont épinglées dans l'étude UFC-Que Choisir. Sept d'entre elles contiennent du "phenoxyethanol, un conservateur toxique pour le foie et le sang !" On trouve cette substance chimique dans trois trois papiers toilettes destinés aux enfants. Une fois de plus, des grandes marques, comme Pampers, Nivea ou Bébé Cadum sont épinglés au même titre que les marques des distributeurs.
Quelle alternative ? Vous pouvez, tout simplement, laver votre enfant à l'eau ou au liniment oléo-calcaire. "Nous ne nous lavons pas à la lingette, alors pourquoi le faire aux tout-petits ?", s'interrogeait le pédiatre Philippe Grandsenne dans Le Parisien, en novembre 2013.
Dans les protections périodiques, des résidus "potentiellement toxiques"
En février 2016, le magazine 60 millions de consommateurs avait tiré la sonnette d'alarme. Cinq des onze protections périodiques testées présentaient, en faible quantité, des résidus "potentiellement toxiques", comme les dioxines, le glyphosate, un ingrédient chimique utilisé dans les désherbants, et d'autres pesticides.
Au vu de ces résultats, l'Institut national de la consommation, qui édite le magazine, avait demandé "la mise en place d'une réglementation spécifique pour les protections féminines, imposant une plus grande transparence et des contrôles plus rigoureux ainsi qu'un étiquetage de la composition". En mars 2016, la secrétaire d'Etat à la Consommation, Martine Pinville, avait annoncé qu'elle allait saisir la Commission européenne à ce sujet.
Quelle alternative ? Louée pour ses vertus écologiques – faible production de déchets –, la coupe menstruelle est également présentée comme une alternative plus saine que les protections classiques. Comme l'explique Slate.fr, elle ne contient ni colorant, ni neutralisant d'odeurs, ni parfum ou autre produit chimique.
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