: Vidéo Italie, Allemagne, Afrique du Sud, Russie : quelle est l'ampleur du phénomène des violences entre bandes de jeunes ?
En France, les affrontements entre bandes de mineurs sont de plus en plus nombreux, particulièrement en région parisienne. Une tendance déjà bien présente chez nos voisins allemands et italiens mais aussi en Afrique du Sud. En Russie, la criminalité des jeunes est plus difficile à mesurer.
Ces derniers mois, les affrontements entre bandes ont nettement augmenté en France, avec des faits divers impressionnants. Les violences sont souvent entre mineurs, et en particulier en Île-de-France. Rien qu'en région parisienne, on dénombre 357 phénomènes de bandes en 2020. Existent-elles ailleurs dans le monde et en particulier entre mineurs? Cette semaine, nous vous emmenons à Rome, à Berlin, à Moscou et à Johannesburg.
Le phénomène italien des "baby gangs"
La France n'est pas le seul pays européen touché par les guerres entre bandes de mineurs. C'est le cas aussi au Royaume-Uni et en Italie, où le phénomène porte d'ailleurs un nom pas très italien : les "baby gangs". Bologne, Rome, Palerme, Milan, Venise même, le phénomène des baby gangs est présent un peu partout en Italie, selon les chiffres de l'Observatoire national de l'adolescence. De 6% à 7% des moins de 18 ans ont déjà vécu une expérience de criminalité collective. Un mineur sur quinze a donc agi une fois dans sa vie en bande organisée pour commettre un délit ou un crime.
Il peut s'agir d'intimidation, mais aussi d'extorsion ou même de fusillades. Bologne, par exemple, est en tête des villes où le nombre d'adolescents à surveiller est le plus important. Trois fois plus qu'à Naples, mais c'est incomparable au niveau de la violence. Naples est la ville européenne qui compte le plus grand nombre de crimes avec armes à feu et mort violente. Dans la ville du sud, les "baby gangs" sont souvent liés à la Camorra, la mafia. Mais la compétition vient d'en bas, entre bandes rivales pour se faire remarquer des mafieux et ensuite être recruté.
Les clans familiaux allemands et leurs vols spectaculaires
En Allemagne, pas de bandes de mineurs au sens strict, mais un autre phénomène : les clans familiaux, avec souvent des adolescents en leur sein. On leur attribue un crime toutes les huit heures et aussi des vols spectaculaires, comme dans un musée au cœur de Berlin. Un peu comme les mafias en Italie, l'Allemagne doit lutter contre la criminalité des clans arabes, libanais, turcs, kurdes. Ce sont des familles célèbres, la famille Remmo, Abu Chaker, qui sont ici très actives dans différents trafics de drogue, d'armes, la prostitution.
Ces clans familiaux commettent aussi des vols très célèbres comme au Bode-Museum, le musée de la monnaie de Berlin, où une pièce gigantesque, très lourde, avait été dérobée en pleine nuit par des jeunes adolescents membres d'un clan. Ces clans sont unis comme les doigts de la main, mais à la moindre trahison, tout se règle dans le sang. À Berlin, il y a souvent des fusillades. Un vol spectaculaire a eu lieu encore plus récemment à Dresde, dans un autre musée : des parures de bijoux inestimables dérobées là aussi par des jeunes adolescents, de jeunes adultes membres d'un clan. Ces clans, ces familles, font souvent, en Allemagne, l'œuvre de séries télévisées.
En Afrique du sud, la carrière de gangster commence à 12 ans
En Afrique du Sud, la présence des gangs est endémique, en particulier dans les townships ravagés par le chômage, par la pauvreté. Et la situation s'est encore détériorée avec la pandémie de Covid-19 bien présente. La violence peut être extrême. Le taux d'homicides a doublé en dix ans avec souvent des mineurs impliqués, parfois très jeunes. La carrière d'un gangster peut commencer dès l'âge de 12 ou 13 ans. Ce sont des enfants qui plongent après avoir été élevés dans un environnement familial violent, dans un quartier pauvre. Et ce sont les recrues de choix des chefs de gang. Des recrues de choix, puisque le jeune âge de ces bandits leur évite la case prison. Ce sont donc eux, ces enfants, qui sont envoyés en première ligne pour faire les sales besognes. Et ce sont aussi tout naturellement eux, les premières victimes. Entre 2019 et 2020, 800 meurtres étaient attribués à des enfants âgés de 10 à 17 ans.
Avec l'explosion du taux de chômage, le phénomène risque de prendre de l'ampleur, redoutent les experts. Il dépasse les 60% chez les 15-25 ans. Un chômage qui risque de favoriser le recrutement de ces jeunes gangsters.
En Russie, le football a eu raison des gangs
Les guerres entre bandes ont été en grande partie éradiquée en Russie ou en tout cas, elles sont moins visibles que dans les années 90 ou 2000. Et il y a un lien avec l'organisation de la Coupe du monde de football en 2018. Qu'il s'agisse des enfants des rues prêts à tuer pour un blouson, ou des groupes ethniques du Caucase ou d'Asie centrale installés dans les banlieues et entraînés dans le tourbillon de l'ultra capitalisme des années 90-2000, avec son lot de laissés pour compte, aucun des groupes encore existant aujourd'hui en Russie n'a vu véritablement émerger de guerre des bandes.
La justice et sa sévérité, bien connue, ont joué leur rôle. Les hooligans russes, prompts à imiter leurs homologues occidentaux, voire même à les dépasser en termes de violence dans des combats fratricides en périphérie des grandes villes, ont fait l'objet d'un véritable nettoyage avant le Mondial 2018. Mais l'histoire officielle ne dit pas, par exemple, face à la criminalité, ce que deviennent les orphelins russes à 18 ans au sortir de leur centre d'accueil.
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