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Arômes dans les cigarettes électroniques : "On ne se rend pas compte que l’on consomme une drogue", explique une association qui réclame leur interdiction

Le Comité national contre le tabagisme, invité de franceinfo ce lundi, explique pourquoi il faut interdire les arômes dans les cigarettes électroniques.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le Comité national contre le tabagisme regrette le côté "très attractif" des arômes vendus pour les cigarettes électroniques. (YVES SALVAT / MAXPPP)

Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) réclame l'interdiction des arômes dans les cigarettes électroniques : "Ca banalise complètement la consommation de la nicotine, on ne se rend pas compte en fait que l’on consomme une drogue", a expliqué lundi 13 février sur franceinfo Emmanuelle Béguinot directrice du CNCT, la plus ancienne association de prévention du tabagisme en France.

Dans une étude menée entre 2020 et 2022, l'association a constaté l’évolution extrêmement rapide du marché, avec l’apparition permanente de nouveaux produits, commercialisés de manière licite ou illicite. "Dans plus de deux cas sur trois", les buralistes "ne respectent pas l'interdiction de vente aux mineurs" des Puff, cigarettes électroniques jetables aromatisées qui rencontrent un fort succès auprès des jeunes. Les buralistes "sont très concernés par les violations concernant l'interdiction de la publicité", a-t-elle indiqué.

franceinfo : Que reprochez-vous à ses arômes ?

Emmanuelle Béguinot : On leur reproche le fait qu'ils sont très attractifs. Ils font l'objet d'une promotion très importante de la part des fabricants, avec un ciblage des jeunes, des adolescents, voire des préadolescents parce qu'on est sur des saveurs très fruitées, très sucrées qui sont particulièrement attractives. Du coup, ça banalise complètement la consommation de la nicotine. On ne se rend pas compte en fait que l’on consomme une drogue. Plus on commence tôt, plus on devient dépendant, plus c'est difficile d'arrêter.

Est-ce qu'en interdisant les arômes, vous ne risquez pas de ramener tous les ex-fumeurs vers la cigarette ?

Par rapport à l'arrêt du tabac en lien avec la cigarette électronique, il y a toujours débat, en particulier sur le long terme. Ce que l'on peut dire, c'est que ce n'est absolument pas les arômes qui amènent les fumeurs à choisir la cigarette électronique. Les choix pour opter pour une cigarette électronique ne renvoient pas aux arômes. En revanche, on sait bien que les arômes sont très attractifs par rapport aux jeunes.

Les cigarettes électroniques Puff qui rencontrent un fort succès auprès des jeunes, sont en théorie interdites à la vente aux mineurs. Est-ce vraiment le cas ?

On n'a pas le droit de leur vendre. Depuis la rentrée de 2021, on trouve ces produits à peu près partout. Pas seulement dans les débits de tabac ou dans les magasins spécialisés, mais aussi dans des grandes surfaces, dans des chaînes spécialisées, voire dans des restaurants. On les trouve absolument partout. Il y a une promotion intense qui est faite. Ils sont placés à des endroits stratégiques et du coup, ils sont assimilés à des confiseries. On n'a plus, encore une fois, l'idée que l’on consomme une drogue.

Peut-on faire confiance aux buralistes ?

Dans plus de deux cas sur trois, les buralistes vendent aux mineurs. Par ailleurs, il y a une législation qui existe pour qu'il n'y ait pas de promotion en faveur de tous ces produits. Cette législation n'est pas du tout respectée.

Ces cigarettes électroniques jetables, au goût acidulé, qui rappellent parfois l'enfance, c'est la nouvelle filière de recrutement des fumeurs des fabricants de tabac ?

Ils sont confrontés à un déclin du marché des produits du tabac traditionnels. Donc ils ont développé une contre-offensive agressive pour renouveler leur marché et en particulier, ils proposent de nombreux nouveaux produits avec des entrées différentes dans l'addiction à la nicotine.

Après des années de baisse, on constate une hausse du tabagisme en France en 2021. Est-ce que cela montre les limites de la hausse du prix des cigarettes ?

On ne peut pas dire ça. Parce que précisément, c'est au moment où on a arrêté d'avoir ces hausses de prix, qu'on a constaté une reprise de la consommation. Il est certain que le tabagisme est vraiment ce qu'on appelle un marqueur social. Quand vous interrogez les gens qui vont arrêter de fumer, en particulier les gens qui sont les plus démunis, il y a la santé et le coût qui les incitent fortement à arrêter de fumer. Quand on augmente les taxes, ce sont justement les gens qui ont peu de moyens, à partir du moment où on les aide à l'arrêt, qui sont les plus nombreux à arrêter, et également les jeunes qui ne commencent pas à fumer. Mais il n'y a pas que la politique fiscale. Il y a d'autres mesures [efficaces], comme celle que l'on propose : l'interdiction des arômes.

La Nouvelle-Zélande envisage la fin progressive de la vente des cigarettes. Est-ce réaliste ?

C'est une piste étudiée par beaucoup de pays, qui sont de plus en plus nombreux à avoir réduit la consommation de leur population, en particulier celle des jeunes. En France, il faut avoir cet objectif. On a malheureusement une consommation qui est encore très importante.

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