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Santé : quatre questions sur la réforme des études de médecine générale qui suscite la colère des internes

Des syndicats d'internes et de médecins ont annoncé une journée de manifestation devant le ministère de la Santé et de la Prévention, à Paris, vendredi.

Article rédigé par franceinfo
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Des internes en grève à Paris, le 17 décembre 2020. (MAXPPP)

La révolte gronde chez les internes. Les jeunes médecins ont déposé un préavis de grève et appelé à une journée de mobilisation, vendredi 14 octobre, devant le ministère de la Santé et de la Prévention, à partir de 14 heures. En cause : la volonté du locataire de l'avenue Duquesne, François Braun, d'ajouter une année d'études aux internes de médecine générale, en les incitant notamment à s'implanter dans un désert médical. Le mécontentement s'est d'ailleurs propagé chez les soignants. Des syndicats de médecins, de pharmaciens, ou encore la CFE-CGC et la CGT Santé, ont annoncé se joindre au mouvement. Franceinfo vous dit tout sur le projet.

1En quoi consiste cette réforme ?

Le ministre de la Santé veut ajouter une quatrième année d'internat pour les étudiants en médecine générale, ce qui porterait à dix le nombre d'années minimal d'études à effectuer par les médecins généralistes, au lieu de neuf aujourd'hui.

Présentée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, cette "année de consolidation" restera "une incitation", a tenté de rassurer le ministre. "Je ne souhaite pas que ce soit une obligation", a-t-il affirmé, samedi 24 septembre, en marge d'une table ronde à l'université d'été de rentrée du MoDem, à Guidel (Morbihan).

2 Pourquoi le ministre veut-il allonger la durée des études ?

Cette réforme a deux objectifs : parfaire le cursus de médecine et lutter contre les déserts médicaux. Cette quatrième année "va permettre d'améliorer la formation des jeunes médecins généralistes. Ils nous le disent eux-mêmes. Trois ans, ça ne leur permet pas d'avoir un champ de formation suffisant, en particulier sur des activités comme la pédiatrie, la gynécologie, l'obstétrique, mais également sur la possibilité d'apprendre à gérer" un cabinet médical, expliquait François Braun au micro de franceinfo, le 27 septembre

En ce qui concerne la lutte contre les déserts médicaux, le ministre souhaite proposer que cette année supplémentaire soit effectuée hors de l'hôpital et "en priorité dans des zones sous-dotées". Mais il précise que "dans les zones les plus difficiles que sont les déserts médicaux, on ne va pas envoyer les jeunes recrues qui ne sont, entre guillemets, pas du tout formées au combat". Pour les inciter à rester une fois leur internat terminé, le gouvernement entend aussi leur proposer un logement sur place.

3Pourquoi les internes n'en veulent-ils pas ?

Cette année supplémentaire est vécue comme une "injustice" par l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) et l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (l'Isnar-IMG). Selon l'Isni, cette réforme n'apportera "aucune solution aux problèmes d'accès aux soins". Elle regrette également un "manque de concertation" de la part de l'exécutif. Sa présidente, Olivia Fraigneau, contactée par franceinfo, accuse le ministre "d'instrumentaliser les médecins en formation pour répondre à moindres frais" à la problématique des déserts médicaux.

"Contrairement à ce qu'affirme le ministre, les étudiants ne veulent pas de cette quatrième année."

Olivia Fraigneau, présidente de l'Isni

à franceinfo

"Si on veut faire une dixième année de formation, il faut qu'elle soit formatrice. Nous envoyer uniquement dans les zones sous-denses, c'est nous envoyer dans des endroits où, par définition, nous n'avons pas de formateurs", a regretté Raphaël Presneau, le président de l'Isnar-IMG, le 24 septembre sur franceinfo.

4 Leur mouvement est-il soutenu ?

Outre l'Isni et l'Isnar-IMG, plusieurs syndicats ont annoncé se joindre à la grève et à la manifestation parisienne, dont la CFE-CGC et la CGT Santé. C'est le cas aussi de Jeunes médecins et d'Avenir jeunes pharmaciens hospitaliers, qui ont déposé un préavis de grève le 14 octobre. Cette année d'études supplémentaire est jugée contre-productive, "car elle retarde l'installation de jeunes médecins généralistes dans nos territoires" et "précarise les étudiants dont la rémunération sera bien inférieure à celle d'un médecin installé sur le même territoire pour un travail équivalent", justifient-ils dans un communiqué.

De son côté, le syndicat Les Généralistes-Confédération des syndicats médicaux français a également annoncé son soutien à la grève des internes. Ces derniers "doivent être entourés d'un ou deux médecins" et "accueillis dans des maisons médicales, des maisons de santé pluri-professionnelles", a jugé le président de l'organisation, Luc Duquesnel, généraliste en Mayenne, sur franceinfo, le 24 septembre. Selon lui, si cette réforme "devait déboucher sur envoyer des internes, qui ne sont pas encore médecins, dans des zones où il n'y a personne, ils arrêteront médecine".

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