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Cinquante ans après la légalisation de la contraception, trois choses à savoir sur la pilule

Le Sénat rend hommage jeudi à Lucien Neuwirth, qui, il y a cinquante ans, fit voter la légalisation de la contraception. 

Article rédigé par franceinfo
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Une plaquette de pilule contraceptive, photographiée le 9 septembre 2016. (FRED HASLIN / MAXPPP)

Il est surnommé "le père de la pilule". Il y a cinquante ans, Lucien Neuwirth se battait pour légaliser la contraception. En faisant voter cette légalisation, cet ancien élu gaulliste contribua fortement à l'émancipation des femmes. Le Sénat célèbre jeudi 9 février cet anniversaire avec quelques mois d'avance, puisque la loi "sur la régulation des naissances" fut promulguée le 28 décembre 1967. Un timbre commémoratif, en vente dans le réseau postal à partir de vendredi, sera dévoilé à cette occasion. Franceinfo revient sur cette petite pilule qui a changé la vie des femmes. 

Qu'est-ce qui a changé en 50 ans ?

La pilule contraceptive a été mise au point par un Américain, le Dr Gregory Pincus, en 1955, avant d'être commercialisée en Allemagne fédérale un an plus tard, puis en France en 1967. C'est un chimiste mexicain, Luis Miramontes, qui a synthétisé la noréthistérone, réplique chimique de progestérone humaine à partir de racines d'ignames. Grâce à cette hormone, le Dr Gregory Pincus a pu produire la première pilule contraceptive, qui sera testée par 250 femmes d'une banlieue pauvre de Porto Rico en 1956. Il est ensuite apparu que la préparation testée contenait aussi des œstrogènes, et que la combinaison des deux hormones était plus efficace que la progestérone seule.

Depuis, les "générations" se sont succédé, comme le détaille le Huffington Post. La pilule de première génération, commercialisée dans les années 1960, contenait de fortes doses d'œstrogène. Il ne reste plus une seule pilule de ce type en France : la dernière, la Triella, a été arrêtée en juillet 2016. Dans les années 1970 et 1980, les pilules de 2e génération font leur apparition. Elles contiennent des progestatifs comme le lévonorgestrel ou le norgestrel, qui permettent de baisser les doses d'œstrogène. Dans les années 90, c'est au tour des pilules de 3e génération d'être commercialisées. Elles sont composées de trois nouveaux progestatifs, le désogestrel, le gestodène et le norgestimate, qui sont censés atténuer l'acné et améliorer la tolérance cardio-vasculaire. Enfin, plus récemment, les fabricants ont mis sur le marché la pilule de 4e génération, dont le progestatif le plus utilisé est la drospirénone.

Quel avenir pour la pilule ? 

Aujourd'hui, la pilule reste "le moyen de contraception le plus utilisé en France", explique Véronique Séhier, co-présidente du Planning familial. Mais depuis la mini-crise sanitaire de 2013, déclenchée par la révélation des risques cardio-vasculaires accrus posés par les pilules de 3e et 4e génération, "on a constaté davantage de demandes pour d'autres modes de contraception" (stérilets, implants ...), ajoute-t-elle. Pour autant, la recherche scientifique se poursuit sur ce moyen de contraception. La pilule "Estelle" est ainsi annoncée comme révolutionnaire par le laboratoire liégois Mithra, qui pourrait la commercialiser dès 2019. A base d'œstrogènes naturels fœtaux, Estelle contient de l'estetrol, une hormone produite spécifiquement durant la grossesse par le fœtus humain. 

L'avenir de la pilule passera aussi et peut-être par l'homme. Le contraceptif masculin est imaginé depuis des années mais, selon les derniers tests, ce n'est vraisemblablement pas pour tout de suite. En novembre 2016, des chercheurs allemands ont dû arrêter un essai clinique à cause d'effets secondaires trop lourds. Le contraceptif, qui n'était pas encore une pilule mais consistait en des injections de deux produits toutes les huit semaines, a provoqué chez la moitié des cobayes une poussée d'acné, tandis que pour 33% d'entre eux, leur intérêt pour le sexe a grimpé en flèche. 

La pilule est-elle menacée ?

Certains mouvements conservateurs, qui ont des relais en politique, menacent-ils la pilule ? C'est ce que pensent certains élus. "Il y a des volontés extrêmement fortes de régression", a estimé la sénatrice UDI Chantal Jouanno auprès de l'AFP. "On entend de plus en plus, avec les mouvements Sens Commun et La Manif pour tous, qu'il y aurait une place naturelle des femmes et des hommes dans la société. Si l'on considère qu'il y a un ordre biologique qui s'impose à la loi, il n'y a pas d'égalité possible", a-t-elle ajouté

La suppression, en avril 2016, du "Pass' contraception" en Ile-de-France avait par exemple fait polémique. Ce dispositif, réservé aux jeunes de 15 et 16 ans, se présente sous la forme d’un chéquier dont les coupons détachables doivent être remis aux professionnels de santé qui effectuent les actes médicaux et délivrent les contraceptifs de façon anonyme et gratuite. Valérie Pécresse a justifié cette décision en expliquant que le dispositif était un "échec". "Les agissements de Valérie Pécresse ne nous permettent pas de confirmer son féminisme", avait dénoncé à l'époque Veronica Noseda, la coordinatrice nationale du Planning familial. 

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