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La pilule masculine ne soulève pas l'enthousiasme des hommes

Alors que de nouvelles formes de contraception masculine pourraient arriver sur le marché dans les années à venir, une enquête britannique révèle que cette option est loin de titiller la gente masculine.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Publié Mis à jour
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  (ROMMEL CANLAS / 64168010)

Selon une récente enquête britannique, relayée par le site anglais The Telegraph, le 26 août 2015, seul un homme sur dix se déclare enthousiaste à l’idée de l’arrivée prochaine sur le marché de nouvelles formes de contraception masculine. Sur les 2.681 hommes (âgés de plus de 18 ans et en couple depuis au moins 6 mois) interrogés par un site commercial anglais, seuls 11% se sont déclarés "enthousiastes" à l’idée de prendre un équivalent masculin de la pilule. Pour justifier leurs réticences, 29% des hommes invoquaient une crainte de répercussions pour leur santé à long terme et  24% estimaient que la contraception devait rester de la responsabilité des femmes.

Les mentalités semblent donc évoluer moins vite que la recherche, à l'heure où plusieurs formes de contraception masculine pourraient venir concurrencer la vasectomie. Un acte chirurgical définitif qui est, pour l’instant, la seule méthode contraceptive destinée aux hommes, le préservatif mis à part.

Contraception masculine : la recherche s'active

Le projet de contraceptif masculin le plus avancé est le Vasagel®. Ce gel de polymère est injecté au niveau du scrotum dans les canaux déférents empruntés par les spermatozoïdes lors de l'éjaculation. Le gel agit comme une barrière en bloquant le passage des gamètes qui ne peuvent plus rejoindre le liquide séminal et être éjaculées. Un principe similaire à celui de la vasectomie qui consiste à sectionner les canaux déférents, mais réversible, car l'effet du gel peut être annihilé quand le patient le souhaite grâce à l'extraction du gel.

Ce dispositif médical est développé au sein de la Parsemus Foundation, une société à but non lucratif qui revendique le fait de "développer des innovations négligées par l’industrie pharmaceutique". La société qui déclare avoir passé avec succès l’étape des tests animaux espère pouvoir démarrer les essais cliniques sur l’homme en 2016. Ce qui pourrait aboutir à une commercialisation entre 2018 et 2020.

D'autres options dans les tuyaux

D’autres projets de contraception masculine sont également en cours, comme le RISUG®, anagramme de Reversible Inhibition of Sperm Under Guidance (Inhibition réversible contrôlée du sperme). Le produit, équivalent au Valsagel® mais développé par une équipe concurrente en Inde, est actuellement en phase de test élargie sur un grand nombre de patients afin de confirmer son efficacité et sa non-toxicité.

Enfin, d'autres contraceptifs en cours d'élaboration pourraient être commercialisés sous forme de pilules sans hormones. Il s’agit d’une part du Gendarussa. Extrait d’une plante indonésienne, la Justicia gendarussa, le principe actif agirait en bloquant une enzyme permettant la pénétration du spermatozoïde dans l’ovule. Il fait actuellement l’objet d’un essai clinique de phase II sur l’homme en Indonésie.

De son côté l’agent anti-Eppin, développé aux Etats-Unis, empêcherait les spermatozoïdes de nager en agissant sur la protéine Eppin, présente à la surface des gamète mâles.

Partage des responsabilités

Malgré le peu d’enthousiasme que semble pour l’heure soulever la "pilule masculine", Aaron Hamlin, directeur de la Male Contraception Initiative, reste enthousiaste. Invité à s’exprimer dans le Telegraph, ce grand défenseur de la contraception pour homme estime que l’arrivée d’une alternative masculine et non hormonale à la pilule pourrait séduire les couples à l’heure où les solutions hormonales sont perçues comme de moins en moins confortables.

De plus, l’évolution des mentalités en terme d’égalité femmes-hommes va également dans le sens d’un plus grand partage des responsabilités. Pragmatique, il note enfin qu'à l'heure où l'égalité homme-femme doit aboutir à un plus grand partage des responsabilités, les gels injectables pourraient être une bonne parade à l’oubli de pilule, tant redouté des femmes comme des hommes.

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