Réchauffement climatique : la grande distribution "n'est pas un moteur pour la transition vers une alimentation plus durable", déplore le Réseau Action Climat
En France, la transition climatique est freinée par les méthodes de vente de la grande distribution. C’est ce qu'affirme le nouveau rapport du Réseau Action Climat (RAC), dévoilé jeudi 2 février. Le RAC a noté les huit principales chaînes de supermarché en France pour évaluer l’accès à l’alimentation durable et la lutte contre le réchauffement. Et il en ressort qu’aucun distributeur n’a la moyenne.
Carrefour et Monoprix les moins mal notés
L'évaluation de l'association "s'appuie sur une grille d'une quarantaine d'indicateurs répartis au sein de trois grandes catégories", précise le rapport. Quel est le degré de transparence de l'enseigne ? À ce titre, le RAC a été particulièrement attentif aux informations données concernant les émissions de gaz à effet de serre émises par chaque enseigne, mais aussi au sujet de leur contribution à la déforestation importée et la part des viandes et produits laitiers labellisés dans les rayons. La deuxième catégorie se concentre sur les engagements et le plan d'action. Auchan, Leclerc ou encore Monoprix ont-ils par exemple mis en place des mesures pour mieux rémunérer les éleveurs engagés dans la transition ? La troisième catégorie évalue les actions pour la promotion d'une alimentation durable comme par exemple limiter les promotions pour la viande issue d'élevages intensifs.
L'enseigne Carrefour obtient la moins mauvaise note (9/20), suivi par Monoprix (8,3/20), Casino (7,5/20), Lidl (7,4/20), Système U (7/20). Auchan et Intermarché obtiennent le même score (6,9/20) et Leclerc est le plus mauvais élève (5,8/20). Ces notes médiocres sont la preuve selon le Réseau Action Climat que la grande distribution "n’est pas moteur pour la transition alimentaire" alors qu'elle représente 70% des achats d'alimentation en France. La viande – dont la production représente deux tiers des gaz à effet de serre – en particulier industrielle reste le cœur de leur modèle alors que sa consommation devrait sensiblement baisser.
"Il n'y a pas eu encore de transition, de transformation de l'offre proposée par la grande distribution, ni même un amorçage dans le sens de proposer moins de produits d'origine animale, en particulier moins de viande", regrette Benoit Garnier, responsable alimentation du RAC.
"On n'a pas encore ce tournant vers la proposition d'une alimentation plus végétale avec plus de produits qui soient riches en protéines végétales comme les légumes secs, comme les céréales complètes, etc."
Benoît Garnier, responsable alimentation au Réseau Action Climatà franceinfo
Le Réseau Action Climat déplore aussi l’absence d'"Eco-Score" ou de "Planète-Score" dans les rayons, deux indicateurs évaluant l'impact environnemental des produits alimentaires sur le même modèle que Nutri-Score, le système d'étiquetage nutritionnel. Le RAC demande plus d’encadrement et d’investissement des pouvoir publics jugés en retrait sur ce sujet.
Ce rapport est aussi une façon de mettre la grande distribution face à ses promesses quand elle affirme vouloir réduire les émissions de gaz a effet de serre en proposant une alimentation plus durable. C’est aussi l’évaluation d’un modèle de production qui a depuis longtemps montré ses limites au moment où il faut accélérer sensiblement la réduction des émissions.
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