Transport maritime : avec le canal de Panama frappé de sécheresse, un nouveau point de passage de commerce mondial se referme
Le canal de Panama permet aux navires du Pacifique de passer des eaux du Pacifique à la mer des Caraïbes. Mais avec le manque de pluies, le niveau des eaux y est si bas qu’il est impossible, depuis des mois, de tenir les cadences de circulation. Le responsable c'est le phénomène El Niño qui perturbe régulièrement le climat. Il a été si brutal en 2023 que les précipitations en Amérique centrale ont chuté de 30%. Le flux quotidien sur l'ensemble du canal a presque été réduit de moitié, passant d’une quarantaine de navires à 24 désormais.
Pour faire transiter ces mastodontes à travers les écluses, il faut beaucoup de fond, et donc beaucoup d'eau. "Sans eau, les marchandises ne passent pas", explique Ricaurte Vásquez Morales, l’administrateur du canal, interrogé sur la chaîne américaine CBS. "Le canal de Panama utilise 2,5 fois la quantité d’eau dont a besoin une ville comme New York, chaque jour ! Donc nous sommes vraiment à la recherche de réserves d’eau, c’est ma plus grande préoccupation, s'alarme-t-il. Nous sommes climato-dépendants et le changement climatique a pour nous des conséquences très concrètes." La baisse d’activité du canal entraîne des dégâts sur l’environnement. Les responsables pompent toute l’eau qu’ils trouvent aux alentours, dans les lacs, les rivières...
Des voies maritimes surchargées et aventureuses partout dans le monde
Le problème environnemental est évidemment le cadet des soucis de l’autorité du canal, les pertes pourraient aller jusqu’à 700 millions d’euros pour cette année 2024. C’est aussi un problème pour le marché occidental, car au même titre que le canal de Suez, ce passage par Panama est un lieu essentiel au fonctionnement du commerce mondial. À tel point que, bientôt, certains ne réduiront pas leur consommation par souci écologique, mais par obligation. 80% du commerce mondial se fait par voie maritime, cependant l’approvisionnement devient de plus en plus coûteux et de plus en plus complexe.
En plus des problèmes sécuritaires à l’entrée du canal de Suez et du problème climatique à Panama, on constate un problème de saturation dans le détroit de Malacca. On en parle peu, mais ce passage entre Singapour et l’Indonésie est devenu trop étriqué pour accueillir tout le transit. De plus, les navires y sont régulièrement ciblés par la piraterie maritime et c’est un lieu stratégique que la Chine cherche à tout prix à contrôler. En effet, 90% de ses importations transitent par Malacca, ce qui provoque de fortes tensions avec tous les pays riverains de la mer de Chine méridionale.
Un déploiement de force pour protéger ces zones tactiques
Le contrôle des océans devient incontournable pour toutes les grandes puissances de ce monde et beaucoup d’experts considèrent même que l’ordre international dépend de ces espaces maritimes. Si 80% des marchandises vendues dans le monde passent par la mer, 97% du réseau internet mondial circule par des câbles de télécommunication installés au fond des océans. On peut dire que le modèle capitaliste dans lequel nous vivons repose sur la stabilité et la sécurité de ces espaces maritimes ! Ce n'est donc pas étonnant de voir les États-Unis mobiliser une partie de leurs bâtiments de guerre pour contrer les Houthis à l’entrée de la mer Rouge. On ne s'étonnera pas non plus de constater les efforts de la Chine, ces dernières années, pour développer sa flotte et devenir aujourd’hui la 1re puissance maritime militaire mondiale.
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