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Quel avenir pour la relation entre Paris et Alger après le rappel de l'ambassadeur d'Algérie en France ?

Le Quai d'Orsay assure vouloir continuer à "approfondir" la relation franco-algérienne, après l'incident diplomatique qui a conduit l'Algérie à rappeler "pour consultation" son ambassadeur à Paris.

Article rédigé par franceinfo, Bertrand Gallicher
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le drapeau algérien sur la façade de l'ambassade à Paris, le 23 juillet 2021. (JOEL SAGET / AFP)

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé de rappeler "pour consultations" son ambassadeur en France, Saïd Moussi, mercredi 8 février. Cette décision fait suite à l'exfiltration vers la France de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui qui avait trouvé refuge en Tunisie et risquait d'être livrée à l'Algérie où elle est poursuivie pour "offense à l'Islam". 

Amira Bouraoui est dans le colimateur des autorités algériennes, pour avoir mené campagne en 2014 contre un quatrième mandat d'Abdelaziz Bouteflika avant de devenir une figure du Hirak, le mouvement de contestation contre le système algérien. La militante avait été emprisonnée en 2020 puis libérée et finalement condamnée - après plusieurs épisodes judiciaires - à deux ans de prison ferme, peine qu'elle doit purger à partir du printemps prochain.

Les motifs de cette condamnation sont assez classiques, concernant les opposants en Algérie à savoir "offense à l'islam" et "atteinte à la personne du président".
Amira Bouraoui avait trouvé refuge en Tunisie, d'où elle a tenté de prendre un avion pour la France. Elle a été retenue par la justice tunisienne dans un premier temps, mais les services consulaires français - avec l'accord du président tunisien - ont fini par lui permettre de quitter la Tunisie et d'arriver en France.

Colère du pouvoir algérien  

Ce qui a provoqué une réaction extrêmement virulente du régime algérien qui voit lui échapper une militante emblématique, avec l'aide des autorités françaises et de plus avec l'accord de la Tunisie, à laquelle l'Algérie vient d'accorder 300 millions de dollars pour limiter les effets d'une situation économique et financière désastreuse.


Le rappel immédiat "pour consultation" de l'ambassadeur d'Algérie à Paris se double d'une ferme condamnation officielle, évoquant un acte inadmissible et inqualifiable. Alger parle de "violation de sa souveraineté nationale" et de la participation de personnels diplomatiques à "une opération clandestine et illégale". Le journal gouvernemental El Moudjahid évoque un acte "très inamical" qui "jette un froid" sur les relations bilatérales à quelques semaines d'une visite programmée à Paris au mois de mai d'Abdelmajid Tebboune.

La France encaisse le coup

Paris se borne à dire que le rappel de l'ambassadeur est une décision algérienne et que la France continuera "à travailler à l'approfondissement de la relation bilatérale dans un partenariat renouvelé",selon les mots employés hier au Quai d'Orsay. Réaction emblématique de la ligne politique extrêmement conciliante de Paris envers Alger, alors qu'en retour le régime algérien manifeste une crispation récurrente à l'égard de la France. En août dernier lors de son voyage officiel en Algérie, Emmanuel Macron avait multiplié les signes d'ouverture notamment sur la question mémorielle - Benjamin Stora faisait partie de la délégation - mais aussi en promettant des visas, l'une des préoccupations des Algériens. Le président français avait annoncé un partenariat renouvelé, concret et ambitieux, parlant même d'une "histoire d'amour" entre la France et l'Algérie. Un sentiment souvent difficile à percevoir.

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