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Le Qatar, une alternative au gaz russe ?

La crise entre la Russie et les pays occidentaux en Ukraine a contribué à une envolée des prix du gaz, secteur où la Russie fait peser une menace sur les approvisionnements en Europe. Dans ce contexte, le Qatar est sollicité pour palier à une éventuelle perturbation des livraisons.

Article rédigé par franceinfo
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Le principal site de production du gaz naturel liquéfié (GNL) Ras Laffan Industrial City au Qatar, à 80 kilomètres de Doha, la capitale. (KARIM JAAFAR / AFP)

Après l'Afghanistan l'été dernier, où l'émirat a joué un rôle crucial dans l'évacuation des Occidentaux et des Afghans fuyant les Talibans, le Qatar est aujourd'hui appelé à la rescousse dans le volet énergétique de la crise russo-ukrainienne. Il faut savoir que cet état confetti du Golfe persique est le premier producteur et exportateur mondial de gaz liquéfié (GNL). Pour exporter partout dans le monde son GNL, il dispose d'une gigantesque flotte de méthaniers.

Effet d'aubaine, avec cette crise ukrainienne et ses conséquences sur les cours de l'énergie, l'émirat va devenir encore plus riche qu’il ne l’était déjà. Le Qatar a déjà fait savoir qu'il était prêt à aider l'Europe. Il approvisionne déjà à hauteur de 5% le marché européen, chiffre à mettre en face des 40% de part de marché de la Russie sur Vieux continent. L'émir Tamim a été reçu récemment par Joe Biden à la Maison Blanche. Ce n'est pas un hasard si le président américain a annoncé qu'il accordait au Qatar le statut officiel "d'allié majeur hors OTAN", une qualification légale que les Etats-Unis ont octroyé à seulement 17 pays dans le monde. Bref, à Washington comme dans les capitales européennes, on compte sur Doha pour jouer les sapeurs-pompiers sur le marché gazier. Mais le Qatar n’a pas de baguette magique pour régler tous les problèmes énergétiques de l’Europe.

Le gaz du Qatar : une solution d’urgence et ponctuelle

L’Émirat est déjà au maximum de ses capacités de production. Et puis surtout, il doit honorer les contrats qu'il a signés à long terme avec ses clients en Asie, notamment la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Le marché du gaz n'est pas aussi réactif que celui du pétrole, où les pays exportateurs peuvent augmenter rapidement leur production et répondre à la demande, comme le fait régulièrement l’Arabie saoudite.

Ce qui signifie que le Qatar pourra donner un coup de pouce momentané, en réorientant une petite partie de ses livraisons de l'Asie vers l'Europe. Mais ce qui veut dire aussi que la facture énergétique risque de grimper un peu plus, alors que les consommateurs se plaignent déjà de payer cher leur consommation. La seule solution pour mettre en place un approvisionnement alternatif à la Russie serait de passer des contrats durables à long terme avec Doha ou d'autres grands pays gaziers exportateurs.

Dans ce panorama énergétique sous tension, il y a l'Iran qui partage une immense poche de gaz avec le Qatar et qui pourrait, à terme, soulager le marché mondial du gaz avec la reprise de ses exportations. Mais encore faut-il régler une autre crise inquiétante qui menace la stabilité régionale : celle du dossier nucléaire, dont l’issue se joue à Vienne en ce moment.

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