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Le Kazakhstan, un gros enjeu économique derrière les troubles politiques

Le pays d'Asie centrale est en proie à une répression féroce, après les manifestations de ce début d'année 2022. Le pouvoir a reçu l’appui de troupes russes. On compte des dizaines de morts, ainsi que des milliers de blessés et d’arrestations. Et si la situation attire l'attention de la communauté internationale, c’est aussi parce que ce pays méconnu regorge de richesses.  

Article rédigé par franceinfo
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Manifestation au Kazakhstan, le 4 janvier 2022.  (XINHUA / XINHUA)

Le Kazakhstan, pays peu connu d'Asie centrale, est pourtant riche. Il possède d'abord, en quantité, une matière essentielle pour l’énergie nucléaire : l’uranium. Le pays, qui fait cinq fois la taille de la France, en est le premier producteur mondial : 40% du marché international, et entre 15 et 20% des réserves mondiales. LKazakhstan se situe donc devant le Canada et le Niger, et juste derrière l’Australie.

Et les récents événements dans le pays ont eu comme conséquence directe de faire grimper le cours de l’uranium, à près de 46 dollars, proche de son plus haut niveau historique, à 48 dollars. De nombreuses entreprises surveillent donc la situation au Kazakhstan comme le lait sur le feu, et en premier lieu le français Orano, l’ex-Areva.

La moitié de l’uranium extrait par Orano provient en effet du Kazakhstan, à travers une entreprise conjointe franco-kazakhstanaise, Katco. Elle exploite plusieurs mines dans le Sud du pays, dont la plus grande mine d’uranium au monde, avec une technique d’extraction par ailleurs controversée. Orano assure que les troubles politiques n’ont pas d’impact sur l’activité de ses sites, et qu’aucune évacuation de personnel n’est envisagée pour l’instant.  

Uranium et minerais en tout genre

Mais il n’y a pas que l’uranium : le sous-sol du Kazakhstan est une caverne d’Ali Baba. Le pays est en effet le premier producteur mondial de chrome, utilisé dans la fabrication de l’acier. Et il figure également parmi les dix producteurs les plus importants au monde de nombreux minerais : le zinc, le plomb, le fer, le cuivre, le charbon, le manganèse, le cobalt, l’or, le titane, le tungstène, et plusieurs métaux rares utilisés dans le secteur des hautes technologies.

À cette liste s'ajoutent le gaz et surtout le pétrole, avec les gisements de Tengiz et Kashagan. Ces gisements offshores de la mer Caspienne, à l’Ouest du pays, représentent entre 2 et 3% des réserves mondiales de pétrole. Il y a quelques années, le Kazakhstan s’était même vu comme le futur champion du pétrole, mais les réserves se sont révélées moins importantes que prévu. La production est malgré tout très significative et couvre largement les besoins des 18 millions d’habitants du pays, avec plus de la moitié de la production exportée. Les Kazakhstanais sont donc habitués à disposer de carburant à bas prix. Pour rappel, c’est le doublement brutal du prix du gaz naturel liquéfié, utilisé comme carburant, qui a déclenché les premières manifestations.  

Un centre mondial de minage de bitcoins

La liste des enjeux économiques ne s’arrête pas là. Le Kazakhstan est également devenu l’un des principaux centres mondiaux de minage de bitcoins, la plus célèbre des crypto-monnaies. Il abrite environ 15% de la puissance de calcul mondial. Le climat sec et froid est favorable au refroidissement des ordinateurs. Et la décision chinoise de fermer cette activité a conduit de nombreux "mineurs de bitcoins" à se redéployer au Kazakhstan. Le cours de la cryptomonnaie a d’ailleurs enregistré une assez forte baisse depuis le début des violences dans le pays, mais il est difficile de savoir s'il existe un lien direct avec les événements en Asie centrale.

Enfin, le Kazakhstan est un carrefour commercial sur les "nouvelles routes de la soie" chinoises, entre Orient et Occident. Et il abrite le cosmodrome russe de Baïkonour, essentiel pour l’industrie spatiale russe. Cela fait donc beaucoup d’intérêts économiques en jeu.  

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