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La répression s'accentue encore en Biélorussie

Dans ce pays de l'est de l'Europe, les manifestations durent depuis maintenant plus de trois mois contre le pouvoir dictatorial d’Alexandre Loukachenko. Et ce 15 novembre, la répression s’est accentuée.    

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des agents de la force anti-émeute interpellent un participant à la manifestation contre la réélection du président Alexandre Loukachenko, à Minsk (Biélorussie), le dimanche 15 novembre 2020. (AFP)

Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Viassna, près de 400 personnes ont été arrêtées lors de la seule journée du dimanche 15 novembre en Biélorussie. Les forces de l’ordre sont intervenues violemment pour disperser plusieurs rassemblements en hommage à Roman Bondarenko, manifestant anti-Loukachenko. Ce jeune artiste de 31 ans est mort jeudi 12 novembre, après avoir été interpellé la veille par les forces anti-émeute du régime, les Omon, qui font peur à toute la population.

Plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux mettent en évidence la violence des coups qui lui ont été assénés. Ces dernières semaines, les manifestations contre la réélection d’Alexandre Loukachenko début août, de toute évidence frauduleuse, étaient devenues plus sporadiques. Mais l’annonce de la mort du jeune homme a déclenché une nouvelle vague d’indignation avec des veillées improvisées dans plusieurs villes du pays, dans de nombreuses églises ou sur le bord des routes. Des minutes de silence ont également eu lieu dans plusieurs usines et surtout un rassemblement dans ce que les manifestants ont surnommé le "square du changement", une place à l’ambiance festive où se déroulent régulièrement des concerts de soutien à la contestation.

Plus de 20 000 arrestations

C'est là que l’intervention policière a été la plus violente ce dimanche 15 novembre : les forces anti-émeute ont fait usage de gaz lacrymogène, de grenades paralysantes et là encore, plusieurs vidéos témoignent de la violence de la répression. Les policiers ont ensuite retiré méthodiquement toutes les fleurs et toutes les bougies qui avaient été disposées sur la place en hommage à Roman Bondarenko. Dans le même temps, de nombreuses stations de métro ont été fermées, Internet a été coupé, et le réseau de téléphonie mobile est régulièrement interrompu. Informer est devenu une tâche très compliquée. Plusieurs journalistes ont d’ailleurs été interpellés. Dans ce pays de 10 millions d’habitants, le nombre total de personnes arrêtées depuis le début des manifestations dépasse sans doute désormais les 20 000. L’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, dénonce "des violations massives des droits de l’homme". Mais Alexandre Loukachenko, soutenu par Moscou, ne manifeste aucune intention de céder. 

Sanctions financières européennes contre les dirigeants du régime

L’Union européenne, elle, se contente pour l’instant de sanctions financières. Elle a gelé les avoirs de plus de 50 dirigeants du pays, dont le président Loukachenko, plusieurs ministres, et les responsables de la police. Autant de personnes qui sont également interdites de séjour dans l’Union européenne. Et puis il y a eu des gestes symboliques, comme l’attribution du prix Sakharov à l’opposition biélorusse, ou bélarusse, comme elle préfère se faire appeler. D’autres mesures sont envisagées : une protection pour l’opposition en exil, ou des visas pour les familles qui veulent fuir la répression. Mais tant que Loukachenko sera soutenu par Vladimir Poutine, l’opposition aura du mal à parvenir à ses fins.    

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