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La Chine, leader mondial dans le BTP, investit les bâtiments gouvernementaux en Afrique

L'Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) publie un rapport sur les réseaux d'influence chinois dans le monde, notamment via internet et les réseaux sociaux. Dans ce rapport de 650 pages, il y est aussi question de l’Afrique.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La façade du siège de l'Union africaine, le 13 mars 2019, à Addis-Abeba (Ethiopie). (LUDOVIC MARIN / POOL)

Le rapport recense tous les bâtiments gouvernementaux construits par des compagnies chinoises sur le sol africain depuis un demi-siècle. Au total, il y en a 186 dans quelques 40 pays, donc la quasi-totalité du continent africain.

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Dans le détail, on trouve 24 palais présidentiels ou de Premiers ministres, 26 bâtiments parlementaires, 32 installations militaires. Certains pays sont particulièrement concernés : la Namibie au Sud de l'Afrique (25 constructions gouvernementales chinoises), l'Angola, juste à coté, l'Ouganda en Afrique Centrale, le Ghana sur le Golfe de Guinée. La Chine a également fourni 35 gouvernements africains en équipement de bureau, autrement dit en ordinateurs, en informatique.

Pour compléter le tableau, ajoutons 14 réseaux de télécommunication que le rapport qualifie de "réseaux gouvernementaux sensibles", des réseaux bâtis par les géants chinois Huawei ou ZTE. L'inventaire est impressionnant. Mais en soi, rien d'illégal là-dedans : on peut se dire que les compagnies chinoises ont été les mieux offrantes et ont remporté les contrats.

Un précédent d'espionnage systématique au siège de l'Union africaine

Mais l'étude de l'IRSEM rapproche ce fait d'un autre événement troublant qui date de 2018 et avait été révélé à l'époque par nos confrères du Monde et du Financial Times : l'espionnage organisé des bâtiments du siège de l'Union africaine, à Addis Abeba. L'Union africaine, c'est la principale organisation qui regroupe les pays africains. La construction avait été effectuée, six ans plus tôt, en 2012, par une entreprise chinoise d'État, la China State Construction Engineering Corporation.

Il a fallu cinq ans à l'Union africaine pour découvrir le pot aux roses : les bâtiments étaient truffés de micros, et les systèmes informatiques équipés de ce qu'on appelle des "backdoors", autrement dit des options qui permettaient aux services chinois d'aspirer, chaque nuit, l'intégralité des documents figurant sur les ordinateurs. De là à penser que plusieurs des 186 bâtiments gouvernementaux construits en Afrique sont équipés du même type de système d'espionnage, il n'y a qu'un pas. Le rapport ne le franchit pas mais rapproche les deux constats.

Une loi chinoise contraignante

Il les rapproche aussi parce que la loi en vigueur à Pékin contraint désormais les entreprises chinoises à transmettre leurs données au pouvoir, et pas uniquement les entreprises d'État. Toutes les entreprises chinoises sont potentiellement concernées dès l'instant où il est question de sujets de renseignement dont le pouvoir chinois juge la collecte nécessaire. Autrement dit, souligne le rapport de l'IRSEM, "les informations récoltées par ces infrastructures et ces matériels peuvent être utilisées pour recruter de potentiels agents, compromettre ou contraindre certains dirigeants."

On retrouve d'ailleurs une variante de cette problématique en Occident, avec le débat sur l'autorisation donnée ou pas à la firme Huawei de participer à l'appel d'offre sur le réseau 5G. Débat omniprésent depuis un an, en France, en Allemagne, en Australie, etc. Là aussi, la crainte porte sur une récupération des données, en bout de chaine, par le pouvoir chinois.

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