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Guerre en Ukraine : les convois humanitaires ou le syndrome syrien

L'armée russe a ouvert des "couloirs humanitaires" pour permettre l'évacuation de civils de la capitale Kiev et de plusieurs villes ukrainiennes. C'est une méthode que le Kremilin maitrise parfaitement pour l'avoir rodée dans le conflit syrien.

Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les habitants de Irpin fuient la ville sous la pression des bombardements russes, le 6 mars 2022. Photo d'illustration. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Avec l'évacuation à bord de bus des premiers civils de Soumy, ville de 250 000 habitants dans l'est de l'Ukraine, on a l'impression de revivre le scénario syrien. Selon le gouverneur de Soumy, le convoi organisé dans la matinée du mardi 8 mars avait pour destination la ville de Poltava, plus à l'ouest. Les handicapés, les femmes enceintes et les orphelins étaient prioritaires pour être transférés. Des véhicules avec à leur bord des habitants de la ville ont aussi utilisé ce couloir humanitaire.

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Dans la banlieue de Kiev, à Irpin, des civils ont pu quitter la ville, ravagée par les derniers bombardements extrêmement violents. Mais au sud du pays, à Marioupol, port assiégé par l'armée russe sur la mer d'Azov, les autorités ukrainiennes ont accusé Moscou de ne pas respecter le couloir humanitaire, qui est censé évacuer une partie des 300 000 civils pris au piège dans la ville.

L’expérience syrienne

On se souvient des images dramatiques des évacuations de Homs, d'Alep, de la Ghouta, la banlieue rebelle de Damas. Implacable, le scénario était toujours le même. Les villes étaient encerclées au sol par l'armée de Bachar Al-Assad, tandis que dans les airs, les avions de chasse russes bombardaient des objectifs civils et militaires. Traumatisés par le fracas des explosions, affamés et épuisés, les bastions rebelles finissaient pas se rendre et hissaient le drapeau blanc. Des convois humanitaires étaient alors organisés par la Russie pour évacuer d'abord les civils, puis les combattants anti-Assad. Tous ont fini dans la poche d'Idlib, cul de sac d'une révolution avortée.

Aujourd'hui, dans la guerre urbaine que mène la Russie en Ukraine, la perspective d'encerclement puis d'assaut sur les grandes villes prend corps jour après jour. En, face, les Ukrainiens organisent la résistance dans les quartiers et veulent se battre jusqu'au bout. Dans la logique du Kremlin, quand on parle "couloir humanitaire", il s'agit certes d'évacuer les civils mais pour mieux remplir des objectifs militaires. Car ce que cherche l'armée russe, c'est non seulement obtenir une capitulation de l'Ukraine et de ses dirigeants, mais aussi reconfigurer à sa main les équilibres démographiques sur le terrain, comme elle l’a fait en Syrie.

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