Élections législatives en Serbie : l'opposition appelle au boycott, à la veille d'un nouveau vote

Depuis le scrutin du 17 décembre remporté par la droite nationaliste, les actions de protestation se multiplient. L'opposition de gauche continue de dénoncer des fraudes massives et n'entend pas participer au nouveau vote organisé samedi.
Article rédigé par Valérie Crova
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des dizaines d'étudiants contestent les résultats des élections législatives et bloquent un carrefour à Belgrade, en Serbie, le 29 décembre 2023. (ANDREJ ISAKOVIC / AFP)

Plusieurs dizaines d'étudiants se sont rassemblées, vendredi 29 décembre, dans le centre de Belgrade. Ils ont bloqué un carrefour pour contester les résultats des élections législatives. C'est un exemple des actions de protestation qui se multiplient, depuis le 17 décembre, et la victoire du parti du président serbe Aleksandar Vucic, avec 46% des voix d'après les résultats officiels. Il y aura donc un nouveau vote demain dans 30 des 8 000 bureaux de vote de Serbie. L'opposition va toutefois boycotter ce nouveau vote.

Pour l'opposition, ce scrutin ne permettra pas d'infléchir les résultats du vote initial qu'elle voudrait tout simplement voir annuler. "Serbie contre la violence", la principale coalition de l'opposition, est arrivée en deuxième position. Mais "les résultats ont été truqués", affirme-t-elle. L'opposition soutient que des électeurs serbes venus de la Bosnie voisine ont été autorisés à voter de manière illégale à Belgrade.

Le SNS, parti qui représente la droite nationaliste au pouvoir, n'a obtenu que 4 points d'avance dans la capitale serbe, ce qui fait dire à l'opposition que la victoire lui a été volée à Belgrade. Des vidéos ont été publiées dans lesquelles on voit des bus amenant des milliers de ressortissants serbes pour voter. Il faut savoir que les Serbes de l'étranger ont le droit de vote aux législatives, contrairement aux municipales.

La Serbie candidate à l'entrée dans l'UE

L'opposition a relevé de multiples fraudes, confirmées par des observateurs internationaux. Il y a eu des achats de voix et des bourrages d'urnes ce que le président Serbe, le très nationaliste Aleksandar Vucic, réfute. Il accuse l'opposition de vouloir s'emparer par la force du pouvoir. Le président serbe peut compter sur le soutien indéfectible de son allié russe. "Il est évident que l'Occident cherche à déstabiliser la situation en Serbie", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, laquelle a comparé les manifestations de l'opposition à celles de Maïdan à Kiev en 2014. Des manifestations qui ont abouti à l'arrivée au pouvoir des pro-Occidentaux en Ukraine.

La Serbie est candidate à l'entrée dans l'Union Européenne, sans toutefois se conformer aux exigences et aux réformes exigées par l'Union ce qui alimente les doutes sur l'orientation européenne de la Serbie. Aleksandar Vucic joue sur deux tableaux. Il a refusé, par exemple, de s'aligner sur les sanctions européennes contre la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine. Puis il y a le dossier du Kosovo. Le président serbe, qui voue une admiration sans borne pour l'ancien dictateur Slobodan Milosevic, n'a jamais accepté l'indépendance du Kosovo proclamée en 2008. Un territoire qu'il aimerait beaucoup voir rattaché de nouveau à la Serbie, ce qui rappelle de bien mauvais souvenirs dans le contexte de la guerre en Ukraine...

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