Coupe du monde de rugby : quand l'Angleterre transformait les terribles guerriers du Pacifique en joueurs pour désamorcer ses conflits impérialistes

Le Pacifique, qui abrite la Micronésie, la Mélanésie, la Polynésie, est un vivier des grandes nations du rugby, pour des raisons peut-être oubliées.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
BRETT PHIBBS / PRESS ASSOCIATION IMAGES/MAXPPP (BRETT PHIBBS / PRESS ASSOCIATION IMAGES/MAXPPP)

L'affiche est magistrale vendredi 8 septembre, pour l'ouverture de la Coupe du monde de rugby : la France contre la Nouvelle-Zélande, les Bleus face aux All Blacks et au fameux haka hérité de la culture maorie.

Les peuples natifs de Nouvelle-Zélande étaient de redoutables guerriers, agiles, explosifs, véloces. En 1870 a lieu le premier match de rugby organisé en Nouvelle-Zélande, alors colonie britannique. À ce moment-là, l’empire est enlisé dans une guerre avec les tribus maories. Les Britanniques parviennent de manière sanglante à s’imposer, mais ils voient dans le rugby la possibilité de canaliser la supériorité physique des guerriers maoris, de concentrer leurs capacités hors norme, en déportant les conflits avec eux sur un terrain de rugby.

Des missionnaires de la religion rugby

Les missionnaires s’occuperont du reste des îles du Pacifique en allant prêcher les vertus du rugby partout ailleurs : Polynésie, Mélanésie, Tongas, Fidjis, Samoas, avec dans leur valise... un ballon ovale. Et les descendants de ces guerriers du Pacifique viennent aujourd’hui renforcer à peu près toutes les grandes nations du rugby.

Ainsi les Manu Samoa, les Fidjiens volants et les Ikalé Tahi (les "aigles des mers") des Tonga ont dépossédé ces nations de leur meilleurs éléments. À titre d’exemple, lors de la dernière Coupe du monde au Japon en 2019, les Tonga ont quitté la compétition avant les quarts de finale, alors que 22 joueurs tongiens (une équipe complète) poursuivaient l’aventure avec d’autres nations.

En effet, les règles de la fédération internationales autorisent, à certaines conditions, la naturalisation des joueurs. Les nations riches tirent naturellement profit de ce règlement. Le documentaire Ocean’s A part met au jour le pillage orchestré par les grandes nations de ces joueurs du Pacifique, dès le plus jeunes âge.

Si la France échappe à cette polémique c’est parce que ses précieux joueurs, Taofifenua, Moefana, Mauvaka (à l’œuvre ce soir), sont originaires de Wallis et Futuna ou de Nouvelle-Calédonie, territoires français qui ont le statut de collectivités d’outre-mer.

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