Coupe du monde de rugby : le haka, cette coutume maorie devenue le rituel d'avant-match des All Blacks

En ouverture de la Coupe du monde de rugby, vendredi , le XV de France est opposé à la Nouvelle-Zélande. L'un des temps forts de la soirée ne se déroulera pas pendant le match mais juste avant le coup d'envoi avec le fameux haka, cette danse guerrière reprise par les joueurs sur la pelouse.
Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié
Temps de lecture : 96 min
Les joueurs néo-zélandais avant un match contre l'Afrique du Sud, à Pretoria le 6 octobre 2018 (KIM LUDBROOK / EPA)

Dans un match contre les All Blacks, le haka est un moment toujours très attendu, après les hymnes, Ce sera encore le cas vendredi 8 septembre au stade de France, à l'occasion du match d'ouverture de la Coupe du monde de rugby entre le XV de France et la Nouvelle Zélande  Les 15 joueurs se frappant la poitrine et les cuisses avec le poing et le sol avec les pieds, le visage aux yeux exorbités et la langue pendante, sous les ordres d'un leader choisi par l'équipe.

Il s'agit souvent, mais pas toujours, d'un joueur d'origine maorie.  Car au départ, le haka est une coutume maorie (le peuple autochtone de Nouvelle-Zélande) qui remonte au XIXe siècle. Les rugbymen du pays s'en emparent en 1888, lors de leur première tournée à l'étranger, mais c'est un siècle plus tard seulement, en 1987 pour la première coupe du monde de l'histoire, qu'il sera systématisé à chaque rencontre des All Blacks.  

Ce haka, réalisé pour impressionner l'adversaire, certains anciens joueurs internationaux en ont gardé un souvenir très vif. Il y a des images qui restent gravées, comme lorsque du quart de finale entre les Bleus et les All Blacks au Millénium de Cardiff, lors de la Coupe du monde 2007 : les joueurs tricolores alignés au milieu du terrain comme pour défier le haka. Rebelote quatre ans plus tard en 2011, en finale cette fois : les Bleus se mettent en V avant de s'avancer vers leurs adversaires... "La décision a été prise trois ou quatre heures avant le match, on n'avait pas répété du tout, se souvient le 3e ligne Imanol Harinordoquy. Et o n a vu dans leurs regards qu'il n'étaient pas vraiment dans leur haka, et qu'ils se demandaient ce qu'on était en train de faire. C'était une façon de leur montrer qu'on serait présents."

"Cela a énormément perturbé les Blacks qui, quand ils font le haka, ont une espèce de boule d'énergie. Et nous en face, on faisait comme une pointe, comme si on allait les traverser."

Imanol Harinordoquy

à franceinfo

Guilhem Guirado a vécu plusieurs de ces moments, en tant qu'ancien capitaine des Bleus. "Pour eux c'est déjà le match, dit-il. Il y a beaucoup de respect pour ces coutumes et ce qu'elles représentent. J'ai toujours voulu respecter ce moment précieux, bien les regarder en face et s'imprégner de cela pour ensuite être bon pendant 80 minutes."

"C'est devenu très important dans la culture des All Blacks"

Le haka   s'est transformé ces dernières années, discipliné. "Lors de la première Coupe du monde, c'est la première fois que les All Blacks ont pris le haka au sérieux, en étudiant les paroles et les gestes, rappelle le journaliste néo-zélandais Ian Borthwick, spécialiste du rugby dans son pays. Avant 1987, c'était un peu n'importe quoi, un peu folklorique. Maintenant, c'est devenu beaucoup plus précis : ils font des répétitions, très sérieusement. Et c'est devenu très important dans la culture de l'équipe."  Il existe d'ailleurs depuis 2005, un 2e haka, le Kapa O Pango, réputé encore plus agressif.

On le sait peu mais le haka fait partie intégrante de la culture néo-zélandaise, pas seulement sur un terrain de rugby : on le pratique par exemple dans les mariages, les départs à la retraite... Il est aussi copié un peu partout dans le monde, souvent à tort et à travers, quitte à agacer les puristes.  "C'est sacré, souligne Ian Borthwick, mais c'est comme la question que j'ai posée à des joueurs polynésiens, pour qui la culture du tatouage fait partie de leur identité : est-ce que cela les gêne de voir des petits gringalets ou des joueurs de foot avec des tatouages polynésiens ? Leur réponse a été : non, parce que cela répand la culture polynésienne. Je pense que les Néo-Zélandais on la même attitude : tant mieux si cet aspect de la culture néo-zélandaise est reconnu, et tant mieux si les autres essaient de l'imiter, même si c'est dans d'autres buts."

Le haka n'est pas l'apanage de la Nouvelle-Zélande : durant cette Coupe du monde, vous pourrez aussi voir le Sipi Tau des Tongiens ou le Cibi des Fidjiens.

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