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Comme la France, plusieurs pays européens sont confrontés à des pénuries d'enseignants

La pré-rentrée des enseignants est marquée par un problème de taille, le ministre de l’Education l’a reconnu lui-même : le manque de près de 4 000 professeurs. Mais la France n’est pas la seule dans ce cas en Europe.

Article rédigé par franceinfo
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Dans une classe en Allemagne qui connaît, comme de nombreux pays développés, une pénurie d'enseignants. (TOBIAS SCHWARZ / AFP)

La pénurie d'enseignants touche la plupart des pays développés. C'est la conclusion d’une enquête de la commission des finances du Sénat. En Allemagne, c’est encore pire qu’ici. Rien que dans la capitale, Berlin, près de 900 postes n’étaient pas pourvus il y a encore quelques jours. Ensuite, la situation varie d’une région à l’autre dans ce pays fédéral. Certains États ont de gros problèmes, comme la Rhénanie du Nord-Westphalie, la région de Düsseldorf au Nord-Ouest : plus de 4 000 postes vacants, notamment dans les écoles maternelles. Au rythme actuel de recrutement, 25 000 enseignants manqueront à l’appel dans le pays d’ici trois ans.

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L’Italie multiplie le recours aux contrats précaires. Il y a 150 000 postes concernés. En Suède, le besoin est estimé à plus de 70 000 postes dans les 12 mois qui viennent. Au collège, un enseignant sur trois est chargé d’une matière qui ne relève pas de ses compétences. Le Royaume-Uni compte lui aussi beaucoup de contractuels et de permanents. Les trois-quart des établissements y ont recours. On pourrait continuer la liste : presque partout des problèmes de recrutement et ils vont s’accentuer dans les années à venir. Parce que le profil moyen des enseignants est vieillissant. Parmi les plus jeunes, beaucoup disent vouloir jeter l’éponge.  

Au Luxembourg, un enseignant du secondaire démarre à 6 000 euros

Ce n’est pas uniquement une question de salaire, même si cela joue. Et de ce point de vue, la France est, il faut le rappeler, en bas de l’échelle de rémunération. En tous cas pour les salaires de début de carrière : presque deux fois moins qu’en Allemagne ou au Danemark, près de trois fois moins par rapport au Luxembourg (où un prof du secondaire démarre à 6 000 euros mensuels !)

Même avec l’augmentation de salaire promise par le ministre de l’Education Pap Ndiaye pour les enseignants débutants, la France restera en bas de l’échelle par rapport à ses principaux voisins. Mais le salaire ne fait pas tout, le problème est plus large, la preuve par l’Allemagne. La pénibilité du travail explique aussi cette désaffection presque partout en Europe : des classes de plus en plus complexes socialement, beaucoup de tâches administratives, le sentiment d’être bloqué dans une filière professionnelle, le manque de formation continue, la sensation d’une faible valorisation sociale. Au Royaume-Uni par exemple, le taux d’abandon du métier est très fort : 40% au bout de dix ans d’exercice. C’est énorme.  

L'Irlande et la Finlande s'en sortent mieux

Il y a quand même quelques pays qui s’en sortent mieux : l’Irlande, et surtout la Finlande au nord de l’Europe, dont le modèle éducatif est souvent montré en exemple. C'est l’une des conclusions, là aussi, du rapport sénatorial. La clé, c’est la valorisation du métier : les enseignants ne sont pas cantonnés dans leurs salles de classes. Ils ont beaucoup de délégation de responsabilité et une vraie marge de manœuvre pour innover. Ils sont aussi incités à travailler en équipe au niveau de l’établissement : le métier est regardé comme une activité collective.Quant au salaire moyen en Finlande, il est supérieur de 25% en moyenne à ce qui est pratiqué en France. C’est significatif, mais là encore on le voit bien, ce n’est donc pas la seule explication. 

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