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Profession : reporter. Raconter Raqqa en Syrie, ville éventrée par la guerre

Un reportage en Syrie passe toujours par une préparation minutieuse de sa propre sécurité. Même si le risque zéro n'existe jamais. Pour les dix ans de la guerre en Syrie, Raqqa s'est posée comme un symbole fort du conflit. Prise par Daech puis libérée il y a trois ans, la ville se reconstruit à partir de ses ruines. 

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Cette personne âgée a tout perdu, sa maison n'est plus habitable. (OMAR OUAHMANE / RADIO FRANCE)

Dix ans après le début de la guerre en Syrie, qui a fait près de 400 000 morts et des millions de réfugiés, Raqqa, désormais sous le contrôle des forces kurdes soutenues par les États-Unis, est détruite à 80%. Omar Ouahmane, grand reporter de la rédaction internationale de Radio France, s'est rendu sur place. Et le plus dangereux, c'est la route qui mène à Raqqa. 

La ville dont Daech avait fait un symbole en prenant son contrôle a été libérée il y a trois ans. Mais en fuyant, l'organisation État Islamique a piégé les sous-sols et les rues de mines. Des artificiers travaillent tous les jours et les familles revenues essaient de reconstruire leurs maisons détruites, incendiées pour la plupart. Elles s'installent dans les ruines et essaient de rebâtir avec le peu de moyens dont elles disposent

Youssef et Dima, jeunes parents de cinq enfants, habitent un appartement sans portes ni fenêtres. (OMAR OUAHMANE / RADIO FRANCE)

À Raqqa, la paix est précaire

Les soldats de Bachar-Al Assad ne sont pas très loin, et dans les faubourgs, les cellules dormantes de Daech guettent la moindre faiblesse pour attaquer. Sans oublier la pression turque. Ankara aimerait renvoyer en Syrie les trois millions de réfugiés qui ont passé la frontière pour fuir les combats. Et pour les Turcs, Raqqa est toute désignée pour accueillir ces exilés. 

Mais ce n'est pas si simple. Comme l'explique Omar Ouahmane, grand reporter de la rédaction internationale de Radio France, "la coalition a été plus prompte à raser qu'à reconstruire". La misère est grande dans cette ville qui s'étale sur les deux rives du fleuve. Pas d'eau, pas d'électricité, pas grand chose ou rien à manger. Et dans ces conditions, les Kurdes qui administrent la ville ont une grande difficulté à instaurer une confiance. Raison pour laquelle la sécurité est donc précaire. 

6 mars 2021. Syrie du nord / Raqqa - Clinique "Intensive Care Association", une organisation qui offre des soins de rééducation physique et de physiothérapie, notamment aux habi
tants de la ville, blessés lors de bombardements. Les pathologies physiques liées au conflit sont nombreuses chez les habitants de Raqqa. (CHLOE SHARROCK / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Pour un journaliste étranger, le danger est partout. Omar, avec une escorte discrète et un accompagnateur qui connaît bien le terrain, ne restait jamais longtemps au même endroit. Jamais plus d'une heure dans un bar, un restaurant, un hôpital, une maison en ruines. Les gens parlent et la présence d'un reporter est vite repérée. Du fait de sa connaissance de la zone, Omar a couvert la guerre, celle de 2017 aussi, les bombardements et l'exode, le retour. Il bénéficie donc de contacts de confiance sur place, qu'il a activés par téléphone. Préparant minutieusement les interviews afin de passer le temps le plus restreint possible en situation d'interview avec les protagonistes, micro à la main et évidemment, à l'abri de tout regard. 

Raqqa (Syrie), le 28 février 2021. (OMAR OUAHMANE / RADIO FRANCE)

Connaître la région ne suffit pas

Omar ne sera vraiment rassuré qu'une fois loin de Raqqa. Et bien connaître la zone ne préserve pas de surprises. Le journaliste repart, profondément marqué par la capacité de résilience de cette population. Qui a connu les répressions de Damas après la révolution, puis les affrontements entre les soldats de Bachar Al Assad et l'Armée syrienne, puis la domination de Daech pendant trois ans, la charia, les bombardements de la coalition pour chasser l'organisation État islamique, qui mine la ville avant de fuir. Les milliers de familles exilées reviennent alors pour retrouver leur chez eux - souvent un pan de mur - et pour reconstruire comme ils peuvent sans rien à manger. 

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