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Micro européen. Les pays européens confrontés au traitement des "radicalisés"

Depuis les attentats terroristes de l'Aude, les partis politiques s'opposent sur le fait d'interner ou d'expulser les personnes radicalisées, pour les empêcher de passer à l'acte. Comment réfléchir à cette question ? Exemples en Espagne et en Belgique.

Article rédigé par franceinfo, Marie-Christine Vallet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Depuis 2015, une centaine de structures sont financées pour lutter contre la radicalisation en France.  (ANSELME CALABRESE / FRANCE INFO)

Après les attentats de l'Aude les partis politiques s'opposent sur le fait d'interner ou d'expulser les personnes radicalisées. Comment cette réflexion est-elle menée dans des pays qui ont eu à affronter des attaques terroristes ? Exemple de l'Espagne et de la Belgique avec Asuncion Serena de la radio Cadena Cope et Christophe Giltay de RTL-TVI.

Accords sur le terrorisme en Espagne

Si l'Espagne a connu des désaccords politiques dans le passé, ce n'est plus le cas depuis longtemps en raison du passé terroriste de l'ETA. Au fil des années, les partis politiques ont signé quatre accords contre le terrorisme. "Ce n'était pas une question de droite-gauche, mais une question de survie de l'Etat", explique Asuncion Serena.

En 2004, l'attentat de Madrid à la gare d'Atocha a fait prendre conscience aux dirigeants espagnols qu'il fallait se donner des moyens contre le terrorisme islamique, nouveau pour le pays. Actuellement, un projet-pilote de citoyenneté est mené à Malaga par des associations et des élus politiques ; il concerne les personnes attirées par les violences aussi bien envers les femmes que les homosexuels, "afin que les musulmans ne se sentent pas seulement visés". Le but recherché est de "construire ensemble". Comme dans d'autres pays de l'UE, une ligne téléphonique gérée par le ministère de l'Intérieur, permet de signaler les personnes en voie de radicalisation. 

En Belgique, on parle de "belgiciser la religion musulmane"

En Belgique, il y a un consensus entre les partis de gouvernement poursuit Christophe Giltay pour empêcher le passage à l'acte. L'action se passe dans les communes : on essaie de désengager (c'est le terme utilisé en Belgique) les personnes en voie de radicalisation en s'appuyant sur les associations de quartier, les écoles ou clubs de sports pour les ramener vers la société.

En Belgique le débat porte sur la mise en place d'un fichier S, comme celui qui existe en France, mais on ne parle pas de mise en détention ou d'expulsion. 38 personnes considérées comme dangereuses sont actuellement très surveillées. Mais le projet est de belgiciser la religion musulmane par un contrôle plus étroit des prêches et des mosquées.

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