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Marine le Pen veut "de vraies équivalences avec de vrais examens" pour les médecins étrangers : qu'en est-il réellement à ce jour ?

La candidate RN à la présidentielle laisse entendre qu'il n'existe pas à ce jour de "vraies équivalences" ni de "vrais examens" pour les médecins étrangers qui viennent exercer en France. C'est faux.

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Médecin à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 17 mai 2022. Illustration (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

Dans son programme pour la présidentielle, la candidate RN, Marine le Pen, proposait de réduire "drastiquement" le nombre de médecins étrangers en France. Interrogée mardi 7 juin sur franceinfo, le jour même d'une mobilisation de l'hôpital pour plus de personnels et de meilleurs salaires, Marine le Pen a fait évoluer son discours. "Ce que je souhaite, c'est surtout qu'il y ait de vraies équivalences. C'est-à-dire que je ne veux pas qu'il y ait une santé au rabais. Je veux qu'il y ait de vraies équivalences avec de vrais examens", a-t-elle expliqué.

Pourtant il est faux de laisser penser que ce n'est pas le cas aujourd'hui. L'exercice de la médecine en France est soumis à des règles très strictes. Il faut notamment être obligatoirement inscrit au tableau de l'ordre des médecins, ce qui nécessite que l'ordre examine une multitude de documents. En ce qui concerne précisément le cas des médecins diplômés à l'étranger souhaitant venir exercer en France, il existe globalement deux cas de figure. Pour un médecin diplômé dans un pays de l'Union européenne, le processus est relativement simple. Une directive de 2005 permet de reconnaître automatiquement un certain nombre de formations européennes.

Vérification des connaissances

Pour un médecin dont le diplôme a été obtenu dans un pays hors UE, on se rapproche davantage du parcours du combattant. Pour ces "médecins étrangers", il faut passer par une procédure d'autorisation d'exercice. Elle implique notamment l'obligation de passer une épreuve de vérification des connaissances et de justifier d'au moins trois années d'exercice en France sous le statut particulier de "praticien attaché associé" qui les oblige à un exercice encadré par un médecin sénior. D'après le Centre National de Gestion (CNG), en charge d'organiser les épreuves annuelles de connaissances (EVC), les épreuves de cette année comptent 12 000 candidats pour seulement 2 000 postes ouverts. 

D'après le Conseil national de l'Ordre des médecins, on compte à ce jour environ 25 000 médecins diplômés à l'étranger qui exercent régulièrement en France, soit environ 13% de l'effectif total. Il s'agit quasiment autant de médecins venant de l'UE que de pays tiers (11 433 médecins UE, 13 984 médecins extra UE). Toutefois, la part de médecins diplômés en dehors de l'Union européenne et exerçant en France a plus que triplé en quinze ans. En 2017, parmi les médecins généralistes libéraux nés et diplômés hors de France, 32,6% étaient originaires de Roumanie, 14,9% d'Algérie, et 13,6% de Belgique.

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