Le vrai du faux. "96% des demandeurs d'asile sont déboutés" ?
C'est en tout cas ce qu'affirme Marine Le Pen. La présidente du Front national entend ainsi dénoncer la procédure d'asile en France, qui serait "une filière d'immigration clandestine".
Marine Le Pen est catégorique lors de son passage sur BFM mardi 3 janvier :
"La demande d'asile, c'est une filière d'immigration clandestine. 96% des demandeurs d'asile sont déboutés. Et ils vont où après ? Ils restent en France !"
La quasi-totalité des demandeurs d'asile sont déboutés ?
Ce n'est pas la première fois qu'une personnalité du Front national déforme largement la réalité de l'asile en France pour illustrer un argument politique. Il y a quelques semaines, le sénateur David Rachline affirmait que "95% des demandes d'asile étaient validées"... soit l'exact opposé de la déclaration de Marine Le Pen.
Quels sont les faits ?
Sur les onze premiers mois de l'année 2016, d'après les chiffres communiqués à franceinfo par l'Ofpra, 38% des demandeurs d'asile ont obtenu l'asile ou la protection subsidiaire en France (après tous les recours possibles). Un taux d'acceptation global en légère hausse par rapport au 31,5% de l'ensemble de l'année 2015. En clair : sur l'ensemble des demandes d'asile, les deux tiers sont déboutés. Marine Le Pen est donc loin du compte.
Les Albanais sont les premiers demandeurs d'asile en France ?
Dans la même interview, la présidente du Front national affirme également que "les plus gros demandeurs d'asile sont les Albanais. Pouvez-vous me dire pouquoi on accepte les demandes d'asile d'Albanais ?"
Marine Le Pen a raison sur ce point. Les Albanais représentent effectivement le plus gros contingent à déposer officiellement l'asile en France. Sur les 70 750 demandes déposées sur les onze premiers mois de 2016 (+7,5% sur un an), 5 770 venaient d'Albanie contre 5 500 Syriens et autant d'Afghans.
Pourquoi accepter la demande d'asile venant d'Albanie ?
Marine Le Pen estime donc que la France ne devrait pas accepter les demandes d'asile venant d'Albanie. Sauf qu'il s'agit d'une obligation liée à la signature de la Convention de Genève des Nations Unis. Le texte interdit à ses signataires de refouler un réfugié hors de ses frontières.
Ceci dit, l'Albanie est considéré comme un pays sûr par la France. Cela veut dire que les demandes d'asile sont étudiées en accéléré par l'administration. Et, au final, seuls 16% des demandeurs obtiennent la protection en France contre 80% pour les Afghans et 97% pour les Syriens.
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