Campagne de désinformation prorusse : qu'est-ce que l'opération "Overload", qui cible la présidentielle américaine ?
Des dizaines de fausses informations ont circulé sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris pendant tout l'été. Maintenant que les JO sont terminés, les désinformateurs prorusses ont dû se trouver une nouvelle cible : l'élection présidentielle américaine. C'est le constat de CheckFirst, une entreprise finlandaise spécialisée dans la lutte contre la désinformation. Elle a publié son dernier rapport jeudi 12 septembre sur ce qu'elle appelle l'opération "Overload". Une surcharge de désinformation qui inonde les boîtes mails et les réseaux sociaux au gré des grands événements internationaux.
Quelque 800 entreprises dont beaucoup de médias ciblés
CheckFirst a commencé à travailler sur la désinformation prorusse après la publication en janvier 2024 par l'AFP d'une enquête du collectif Antibot4Navalny sur ce qu'il a appelé l'opération "Matriochka". Cette opération visait à répandre un discours anti ukrainien et à noyer notamment les fact-checkeurs en les interpellant sur les réseaux sociaux pour qu'ils vérifient des contenus inventés, pour détourner leur attention et pour que certaines fausses informations passent entre les mailles du filet. Viginum, le service français de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères, y a consacré un rapport en juin.
Après plusieurs mois de travail, CheckFirst s'est rendu compte que la désinformation prorusse était d'une ampleur encore plus grande. Selon l'entreprise finlandaise, l'opération "Matriochka" est une partie de l'opération "Overload". En juin, l'entreprise expliquait, dans un premier rapport, comment plus de 800 entreprises dans le monde entier dont beaucoup de médias recevaient de fausses informations aussi par email. Dans son nouveau rapport, elle retrace le chemin des infox depuis au moins deux chaînes Telegram prorusses jusqu'à plus de 70 000 emails envoyés aux journalistes notamment en France de TF1, de 20 Minutes, de La Dépêche, du Centre France, du Huffington Post, du Figaro, du Monde, du Point, des Echos, de Libération, de L'Express et de Médiapart.
Kamala Harris, cible privilégiée
CheckFirst note que "l'opération adapte son contenu pour coller aux grands événements internationaux et aux sujets qui intéressent les gens". En observant les e-mails fallacieux, elle a constaté une forte accélération de la désinformation pendant l'été avant les Jeux de Paris 2024 et cela a continué à s'accélérer durant l'événement et encore après sa fin. "Au départ, dédiée à une désinformation géopolitique large, l'opération a commencé à s'intéresser aux événements internationaux en général à l'approche des Jeux olympiques, ce qui a démontré son adaptabilité à l'actualité. L'analyse des e-mails les plus récents et des derniers faux contenus montre qu'à présent l'opération semble s'orienter vers sa prochaine nouvelle cible : l'élection présidentielle américaine de novembre", analyse CheckFirst.
L'opération "Overload" diffuse d'une part de fausses informations visant à dénoncer le soutien des États-Unis à l'Ukraine mais surtout des infox ciblant Kamala Harris, la candidate démocrate à la présidentielle américaine. Des rumeurs font croire, par exemple, qu'elle aurait un très faible QI, d'autres qu'elle aurait subi un avortement quand elle était mineure.
Ce qui rend cette campagne de désinformation particulièrement redoutable, c'est qu'elle prend les traits d'une véritable information. Les infox sont données dans de faux reportages par des grandes chaînes de télévision qui ont tout l'air d'être vrais ou dans des captures d'écran de faux articles, qui circulent sur les réseaux sociaux. Pendant l'été, deux nouvelles façons de détourner l'identité des grands médias sont également apparues : des unes de la presse sont reprises avec seulement un titre modifié et remplacé par une fausse information, par ailleurs de fausses publications TikTok de médias reconnus sont partagées.
Parfois, les infox sont accompagnées d'un QR code qui renvoie vers le site de Viginum pour faire croire que ces fausses informations ont été certifiées.
Une désinformation venue de Russie
CheckFirst a réussi à localiser ceux qui propagent cette propagande, permettant de prouver qu'il s'agit bien d'une campagne de désinformation venant de Russie.
L'adresse IP qui a servi à utiliser la boîte mail à l'origine des messages fallacieux a été localisée en Russie. De la même façon, l'e-mail qui a servi à créer les QR code renvoyant vers le site de Viginum est rattaché à Otri, une entreprise russe spécialisée dans le marketing et la communication sur les réseaux sociaux.
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