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Le rendez-vous de la médiatrice. Les contestations sociales et les grèves : réactions d’auditeurs

Jean-Philippe Baille, directeur de la rédaction de franceinfo est au micro de la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet. Au programme : le traitement de la contestation sociale et des grèves sur franceinfo. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Des usagers de la RATP prennent le métro en pleine grève, à Châtelet (Paris), le 12 décembre 2019. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

De nombreux auditeurs déplorent un traitement trop parisianiste des grèves, c'est ce que remarque la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet. Le directeur de la rédaction de franceinfo, Jean-Philippe Baille répond à leurs questions. 

Le "parisianisme" dans le traitement de l’information

Pierre écrit : "Je déplore le 'parisianisme' de votre station qui semble oublier qu’il existe dans ce pays d’autre villes qui subissent également le problème de manque de transports collectifs pendant les périodes de grèves. À Rennes, Nantes, Bordeaux ou Marseille, les personnes sont gênées pour se déplacer." Françoise estime qu’on ne parle pas des territoires. Et Danielle conclut "Paris n’est pas toute la France".

Emmanuelle Daviet : Que répondez-vous à cette critique ?

Jean-Philippe Baille : Effectivement, Paris n’est pas la France, bien qu’il y ait un peu plus de 12 millions d’habitants. Mais nous ne devons pas pour autant oublier ce qu’il se passe dans d’autres villes. Et nous nous sommes rendus dans plusieurs villes cette semaine : à Lyon, Marseille ou Toulouse. Je rappelle par ailleurs que nous avons, à Radio France, le PC Mobilité qui nous signale tout ce qui se passe sur les routes et dans les transports, à Paris et dans toute la France.

Est-il possible de donner la parole à tous ?

Christine nous écrit : "Des milliers de personnes sont d’accord pour que le système qui date soit revu, et qu’il n’y ait pas des régimes très favorisés et les autres. Et je ne les ai jamais entendues sur votre radio, malgré toutes mes écoutes… Ce déséquilibre criant et lassant de l’expression m’a amenée à souvent couper l’antenne."

Même constat de Dominique : "Je n’entends que des plaintes contre la réforme. Je souhaiterais entendre des personnes qui souhaitent le changement pour le bien collectif de notre nation. Et que les journalistes travaillent sur ces sujets pour bien les expliquer et reprendre les inexactitudes des deux parties de façon professionnelle, transparente et neutre."

Dans ce contexte de mouvement social, donnez-vous la parole à tout le monde à franceinfo ?

Jean-Philippe Baille : Il est normal que tout le monde puisse s’exprimer, en effet. Et c’est ce que nous tentons de faire, à franceinfo. Mais il est vrai que la colère s’entend plus. Notre propos est de décrypter, d’analyser, avec nos spécialistes et les journalistes des services.

Des auditeurs regrettent le manque d’expression des non-grévistes

Des auditeurs se plaignent de ne pas entendre sur l'antenne de franceinfo "cette France, qu’on n’entend jamais". Un auditeur constate : "On ne donne jamais la parole aux personnes opposées à la grève".

Quelle explication pouvez-vous lui apporter ?

Jean-Philippe Baille : Par nature, la majorité silencieuse reste bien souvent silencieuse. Mais nous nous sommes attachés, là encore, à aller à la rencontre des gens. Mais je crois que les gens ont eu du mal à comprendre et à s’exprimer sur cette réforme. Maintenant que tout est sur la table, que les contours sont clairs, chacun pourra enfin se positionner sur la base de données concrètes, et non sur des non-dits.

Les remarques des auditeurs vous aident-elles à enrichir les sujets ou les angles ?

Jean-Philippe Baille : Oui, bien sûr. Je lis tous les messages que vous nous envoyez et je fais des retours aux journalistes et présentateurs. Je leur demande d’être vigilants lorsqu’il y a des inexactitudes.

Autre point noir relevé par les auditeurs : le manque de contradictoire :
Frédéric écrit : "Je trouve que le traitement des grèves actuelles est sinon partisan, quelque peu bienveillant. J’en veux pour preuve la profusion de déclarations syndicales qui ne sont pas passées au crible de la contradiction salutaire par les journalistes".

Comment expliquez vous cette perception de l’antenne ?

Jean-Philippe Baille : On n’avait pas tous les contours de ce projet. Et si les auditeurs ont eu le sentiment que nous étions partiaux, alors ce n’est pas normal. On se doit d’être impartial. J’entends cette remarque, et depuis que vous m’avez alerté, j’ai fait le tour des rédactions pour rappeler quelques principes de base.

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