Sri Lanka : avec la future démission du président, la fin de la crise ?
L'ancien paradis touristique de l'océan indien est en plein chaos : après plusieurs mois de crise, les manifestants ont envahi ce week-end la résidence du président, qui a promis de démissionner.
Après plusieurs mois de crise, samedi 9 juillet 2022, les Sri-Lankais prennent le pouvoir dans la capitale, Colombo. À la mi-journée, des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants envahissent la résidence du chef de l'État. Ils entrent dans ses salons au sol de marbre, se prennent en photo à son bureau ou dans son lit à baldaquin... Toute la journée, certains plongent et replongent dans la piscine, d'autres jouent sur le piano à queue ou se font à manger dans les cuisines. Avec la hausse des prix, les pénuries, cela fait plusieurs mois qu'ils n'ont plus assez à manger.
Les manifestants profitent de la piscine du Président du #SriLanka après avoir envahi sa résidence #GoHomeGota #SriLankaProtests pic.twitter.com/i36Mi5mFyZ
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) July 9, 2022
Les occupants promettent de rester jusqu'à la démission officielle du président qui, après avoir pris la fuite, s'est engagé à quitter le pouvoir d'ici le 14 juillet 2022. En attendant, Gotabaya Rajapaksa reste toujours sous la protection des militaires.
>> Sri Lanka : ce que l'on sait des manifestations qui ont poussé le président à annoncer sa démission
L'opposition divisée
Sa démission peut-elle vraiment aider à dénouer la crise ? Trois jours, en période de crise, c’est une éternité. Les manifestants restent méfiants : ils sont face à un clan incompétent et corrompu qui, depuis 15 ans, tient tout le pays. Il y a quelques semaines encore, frères, cousins et neveux Rajapaksa se partageaient tout : la présidence, le poste de Premier ministre, les principaux portefeuilles au sein du gouvernement et de hauts-postes dans l'administration. Difficile de les imaginer lâcher le pouvoir en quelques jours. D'autant que l'opposition, censée prendre le relais, est extrêmement fragmentée.
Pourtant le pays doit impérativement retrouver une certaine stabilité. Le Sri Lanka est en faillite, incapable de rembourser sa dette. S'il a commencé à négocier avec le Fonds monétaire international (FMI), il doit encore soumettre un plan de désendettement d'ici la fin juillet.
Une crise économique qui va durer
Il faudra du temps de toute façon pour sortir de la crise économique. Le pays est dans un tel état qu'il n'y a pas de solution miracle. C'est vrai que les Rajapaksa ont pris ces dernières années des décisions calamiteuses : baisse des impôts qui ont privé l'État de recettes importantes, emprunts massifs auprès de la Chine pour des investissements contestés, réforme ratée de l'agriculture qui devait conduire le pays vers le 100% biologique, mais qui a surtout entraîné des baisses de rendement catastrophiques. À cela s'est ajouté le Covid, qui a réduit le tourisme à zéro et privé le pays de devises étrangères, et la guerre en Ukraine, qui était avec la Russie l'un des plus gros acheteurs de thé sri-lankais.
Nourriture, médicament, essence... Aujourd'hui, les 22 millions d'habitants de l'île, située à la pointe sud de l'Inde, manquent de tout. Les Nations unies ont prévenu dimanche : le Sri Lanka est face à un risque de "grave crise humanitaire".
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