Mort annoncée de Prigojine : quel avenir pour Wagner en Afrique ?

La mort annoncée d’Evguéni Prigojine hier dans un avion qui s’est écrasé au nord de Moscou interroge sur l’avenir du groupe Wagner en Afrique.
Article rédigé par Bertrand Gallicher
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Evguéni Prigojine en Afrique dans une vidéo diffusée sur Telegram le 22 août 2023. (HANDOUT / TELEGRAM / @ RAZGRUZKA_VAGNERA / AFP)

Un crash d'avion, une annonce de Moscou, et de nombreuses questions, jeudi 24 août 2023. Car si Evguéni Prigojine se trouvait sur la liste des passagers de l'avion, et qu'il est annoncé mort par les autorités russes, l'identification des dix corps n'a pas encore eu lieu. Dans le même avion se trouvait aussi son bras droit, Dmitri Outkine.

>> Crash de l'avion d'Evguéni Prigojine : "L'exécution paraît assez vraisemblable", selon une diplomate

Ces disparitions interrogent en tout cas sur la suite pour Wagner, notamment sur le continent africain. Dans une vidéo diffusée lundi sur Telegram, Evguéni Prigojine affirmait se trouver en Afrique, sans préciser dans quel pays. Le patron de Wagner, face caméra en tenue de camouflage et arborant un fusil d’assaut, expliquait travailler à la grandeur de la Russie. Lors de cette ultime mise en scène, Prigojine disait effectuer une "mission de reconnaissance" pour "rendre le continent africain encore plus libre". Un discours improbable où il appelait des volontaires à le rejoindre.

Protéger les chefs d'Etats africains contre le pillage des ressources

Ces dernières années, l’Afrique représente une part considérable des activités du groupe paramilitaire fondé en 2014 et désormais engagé dans au moins six pays : la Libye, le Soudan, la Centrafrique, le Mozambique, Madagascar et le Mali, sans oublier leur implication très probable en Guinée, au Burkina Faso et au Zimbabwe.  

Principalement, les mercenaires de Prigojine servent en Afrique de garde prétorienne à des chefs d’Etat parfois illégitimes, dont ils assurent le maintien au pouvoir. En échange, les paramilitaires russes pillent les ressources locales. Politiquement, il a suffi à Wagner de relayer dans les pays africains l’idéologie décoloniale et hostile à la présence française en Afrique propagée en Occident. En Centrafrique par exemple, où Wagner s’est installé en 2017 à la demande du président Touadéra, 1 500 hommes ont été déployés. Nombre d’entre eux se payent avec l’or extrait des mines de l’ouest du pays. Un scénario comparable à celui du Mali, où la junte a fait appel à la milice russe pour garantir sa propre sécurité et, officiellement, épauler l’armée malienne dans sa lutte contre les jihadistes. Si cette alliance contre-nature est militairement inefficace, elle permet à Wagner de poursuivre ses activités criminelles.

Une reprise en main probable par le Kremlin

Au début de ce mois, dans une tribune au Washington Post, le président nigérien déchu Mohamed Bazoum écrivait : "L’ensemble de la région centrale du Sahel pourrait passer sous influence russe via le groupe Wagner, dont le terrorisme brutal a été clairement exposé en Ukraine". Cette mise en garde est toujours d’actualité, même si les relations personnelles de Prigojine avec les dirigeants africains vont manquer à Wagner.

Le groupe de mercenaires est profondément ancré en Afrique et pas seulement au Sahel. Difficile d’imaginer qu’une nébuleuse paramilitaire aussi lucrative et influente au cœur des Etats africains s’effondre avec la disparition de son créateur. Une reprise en main par le Kremlin est plus que probable.

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