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Les Jeux olympiques d'hiver de Pékin, un succès géopolitique ?

Les Jeux olympiques de Pékin se sont achevés dimanche 20 février. La Chine est parvenue à organiser des jeux sans accroc, malgré les boycotts et la pandémie.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 92 min
Un tableau durant la cérémonie de cloture des Jeux olympiques d'hiver de Pékin, le 20 février 2022. (LI HE / XINHUA via AFP)

Du point du vue chinois, le succès de ces JO d’hiver 2022 est total. Grâce à la bulle sanitaire drastique, il n’y a pas eu d’augmentation des contaminations de Covid-19. Pas de gros ratage d’organisation non plus. Concernant les performances sportives, c’est une réussite. La Chine est troisième avec 15 médailles au total dont neuf en or, c’est plus que les États-Unis. Un résultat très surprenant car la Chine n’avait jusque-là pas brillé aux JO d’hiver. Ces Jeux de Pékin ont montré que la Chine avait massivement investi dans ces sports.

Des Jeux très prisés par les Chinois : plus de 600 millions de personnes ont regardé les JO à la télé selon le Comité international olympique (CIO), soit 40% de la population.

Peu de libre parole

Pour la Chine, tout s’est déroulé selon ses plans. Il y a tout de même eu quelques faits marquants. Une affaire de dopage – la patineuse russe Kamila Valieva – et des boycotts lors de la cérémonie d’ouverture.

Ce boycott diplomatique initié par les États-Unis, pour protester contre le non-respect des droits de l'homme et la question des Ouïghours, a finalement été peu suivi. Cela a fait les gros titres le premier jour et après, le sport a prédominé. Et dans le récit chinois, on a profité de ce boycott pour montrer que les pays occidentaux qui ont participé à ce boycott se sont isolés, puisque le monde était à Pékin, et eux non. Une trentaine de dirigeants internationaux ont participé à la cérémonie d’ouverture. Beaucoup de pays non démocratiques certes, mais  "considérés par Pékin comme utiles, dans le cadre notamment du grand projet économiques des Nouvelles routes de la soie", explique le correspondant de Radio France à Pékin, Sébastien Berriot.

Au vu des polémiques lors de l’attribution de ces JO d’hiver à Pékin, on aurait pu s’attendre aussi à ce que certains athlètes s’expriment de façon un peu dure sur le régime chinois. Personne n’a vraiment osé. Pourquoi ? Parce que les participants aux JO étaient surveillés, parce que les autorités de plusieurs pays ont demandé à leurs sportifs de faire attention et parce qu’en conséquence, ils se sont autocensurés. Un seul athlète, le Britannique Gus Kenworthy a condamné "les atrocités en matière de droits de l'homme dans le pays", samedi 19 février, lors de la finale de ski halfpipe. Soit le dernier jour de compétition.

La Russie, grande amie

Ces JO ont aussi renforcé la relation de la Chine avec la Russie. Vladimir Poutine était l’invité le plus prestigieux de la cérémonie d’ouverture. Le président russe, en personne, assis dans un siège du "nid d’oiseau",  le stade national de Pékin.

Avec son homologue Xi Jinping, ils ont montré au monde entier qu’ils marchaient ensemble. Ils ont signé des conventions qui renforcent leur collaboration dont une longue "déclaration commune sur l’entrée des affaires internationales dans une nouvelle ère". Selon Antoine Bondaz, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste de la Chine, "en se rapprochant les deux régimes autoritaires renforcent leur sécurité politique. Ils critiquent ensemble le concept de démocratie que les pays occidentaux 's’approprient' selon eux et présentent un modèle alternatif". La Chine et la Russie "veulent montrer qu’elles ne sont pas seules, qu’elles peuvent proposer des contre modèles à l’hégémonie américaine et pour ces raisons-là, le rapprochement entre les deux pays est extrêmement important ".

Pour Vladimir Poutine, l’allié chinois est essentiel, surtout en ce moment. Depuis 2014 et les sanctions économique contre l'annexion de la Crimée, Moscou a besoin de Pékin. Avec l'embrasement de l'est de l'Ukraine, mieux vaut pour la Russie avoir un ami à ses côtés.

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