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Israël : Benyamin Nétanyahou hésite à annexer une partie de la Cisjordanie

Ce 1er juillet devrait être le jour du début de l’annexion de certaines parties de la région par Israël, comme l’avait annoncé Benyamin Nétanyahou. Mais le jour dit, on ne sait plus du tout ce qu’il va se passer.

Article rédigé par franceinfo - Lucas Menget
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou le 4 septembre 2019 à Hébron (Cisjordanie) (FRÉDÉRIC MÉTÉZEAU / RADIO FRANCE)

Le Premier ministre israélien l’avait promis. En a fait un argument de campagne massif. Puis un élément de négociation pour réussir aux forceps à créer un gouvernement d’union nationale : annexer un tiers de la Cisjordanie et la vallée du Jourdain, actuellement en territoire palestinien mais déjà contrôlé par l’armée israélienne.

Au départ, c’était le plan de Trump et de son gendre, Jared Kushner. Un plan dit "de paix", dévoilé il y a plusieurs mois à grand renforts d’annonces spectaculaires. Mais qui n’avait pas convaincu grand-monde à part les clans Trump et Nétanyahou. Ce dernier continue de dire qu’il va l’appliquer, que son rôle dans l’Histoire du pays est d’agrandir le territoire d’Israël, mais cela bloque.

Peu de soutien populaire

Militairement, rien ne bloque. Il suffit d’un ordre et ce sera fait. L’Autorité palestinienne n’a pas la capacité d’entrer dans une guerre de territoires. Et la Jordanie voisine n’en a pas envie.

Dans le pays, le plan d’occupation a peu de soutien réel en ce moment. La crise du coronavirus est loin d’être terminée, et repart même dans certaines villes du pays. Une immense majorité du pays pense, d’après les sondages, que cette annexion n’est pas une priorité.

Sans compter que l’ancien ennemi devenu allié et actuel ministre de la Défense, Benny Gantz, dit clairement que la date du 1er juillet n’est pas gravée dans le marbre. Pour lui, "tout ce qui n'est pas lié à la bataille contre le coronavirus attendra jusqu'après le virus". Et, en plus, en dehors de Trump, personne à l’étranger ne soutient ce plan. Ni les pays arabes, même ceux qui ont des accords avec Israël, ni les Nations unies, ni l’Union européenne. Tous ont prévenu Tel Aviv que l’annexion de ce territoire était contraire au droit international et aux accords, et qu’une telle décision pouvait avoir des conséquences désastreuses.

Nétanyahou peut-il reculer ?

Le Premier ministre au plus long règne de l’Histoire du pays n’est pas du genre à trembler. Mais il y a peut-être trop d’inconnues. On le verra dans les heures qui viennent, mais "Bibi" ne veut peut-être pas, alors qu’il est empêtré dans un long tunnel judiciaire, se mettre à dos à la fois la planète et l’opinion publique de son pays. Puis déclencher une nouvelle vague de colère palestinienne. Et, comme tout le monde, il voit Trump vaciller sur ses bases. Or c’est son seul et unique soutien dans cette nouvelle aventure militaire et politique.

Quelle trace Nétanyahou veut-il laisser dans l’Histoire de son pays ? C’est au fond la question qu’il doit être en train de se poser.

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