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États-Unis : en matière de diplomatie, "Sleepy Joe" s'est réveillé

Le président américain Joe Biden qualifie Vladimir Poutine de "tueur" : une fermeté assumée et une rupture totale avec la politique de son prédécesseur.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Joe Biden, président des États-Unis, le 17 mars 2021. (JIM WATSON / AFP)

Si Joe Biden déclenche en toute conscience une crise diplomatique majeure avec la Russie c'est parce qu'il a deux objectifs : d'abord rompre avec une certaine forme de complaisance. Il n'est plus question, comme le faisait Donald Trump, de tout passer au président russe mais de montrer que l'Amérique et ses valeurs sont de retour.

Et si Joe Biden qualifie aujourd'hui Vladimir Poutine de 'tueur", cela fait longtemps qu'il a adopté une ligne dure vis-à-vis de la Russie et qu'il envoie des signaux : deux semaines seulement après son investiture, il accuse déjà publiquement "la Russie de vouloir affaiblir la démocratie". "Le temps où les États-Unis se soumettaient (...) est révolu", dit-il, "face à l’avancée de l’autoritarisme" notre pays sera "au rendez-vous".

En février, lors de son premier grand discours de politique étrangère, Joe Biden explique encore qu'il n'est pas question de réintégrer la Russie dans le G7, le sommet des sept pays les plus riches du bloc occidental, comme le souhaitait Trump - alors qu'elle en a été exclue en 2014 après l'annexion de la Crimée.

L'affaire de l'opposant Alexei Navalny, la tentative d'empoisonnement puis son emprisonnement au nez et à la barbe de la communauté internationale ont servi de déclencheur. Tout comme ce rapport des services de renseignement sorti cette semaine qui prouve noir sur blanc la tentative d'ingérence russe dans la présidentielle de novembre.

Son deuxième objectif c'est clairement de prendre Trump à son propre jeu. On se souvient des outrances de l'ancien président, de sa diplomatie agressive alimentée à coups de phrases lapidaires. Joe Biden finalement joue sur le même terrain, les tweets en moins. Celui que son adversaire qualifiait de "Sleepy Joe" pendant la campagne, "Joe l'endormi", s'est réveillé.

Réveil de la diplomatie américaine sur l'Europe...

Ce réveil de la diplomatie américaine s'observe sur d'autres dossiers : l'Europe notamment. Dire que la Russie est une menace, c'est aussi une façon de resserrer des liens transatlatiques devenus très distants sous la présidence Trump.

De fait, les conseillers qui peuplent la nouvelle administration américaine connaissent bien ou très bien l’Europe.

Réveil encore sur le prince saoudien Mohamed Ben Salmane, explicitement accusé d'être responsable de l'assassainat du journaliste Jamal Khashoggi.

... Et sur la Chine

Réveil enfin sur la question de la Chine, partenaire économique mais rival stratégique ; le secrétaire d'État Anthony Blinken rencontre d'ailleurs son homologue jeudi 18 mars. Première réunion physique entre diplomates de haut rang depuis juin 2020.

Plusieurs dossiers très complexes sont sur la table... la répression des musulmans ouïghours que Washington qualifie de génocide, l'autonomie de Hong Kong, les revendications territoriales en mer de Chine. Des sujets sur lesquels les États-Unis entendent se montrer intransigeants. Cette discussion c'est un peu le premier round d'un combat de boxe.

Mais là où Donald Trump agissait seul, pour changer le rapport de forces en sa faveur face à Pékin, l'administration américaine réactive des alliances qui étaient en sommeil : elle vient par exemple de renouer avec les pays de la zone indo-pacifique :  Australie, Inde et Japon.

"Nous allons réparer nos alliances et nous impliquer de nouveau dans les affaires du monde", disait Joe Biden lors de son investiture. L'heure est venue de tenir parole.

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