Élections européennes : Le Rassemblement national prend ses distances avec l'AfD, l'extrême droite allemande

À deux semaines du scrutin, le RN annonce qu'il ne siégera plus avec son allié allemand. Une décision qui fait suite aux propos polémiques de la tête de liste de l'AfD sur les SS, l'organisation paramilitaire nazie.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jordan Bardella au Parlement européen à Strasbourg, en septembre 2019. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Le Rassemblement National (RN) a annoncé mardi 21 mai que, lorsque les groupes se reformeront après le 9 juin, il refusera de faire équipe avec son désormais ex-allié de l'AfD. Au Parlement européen, les députés du RN et de l'Alternative fûr Deutschland (l'AfD) siègent pourtant dans le même groupe politique, baptisé Identité et Démocratie, qui est né en 2019 à la suite de la montée en puissance des partis eurosceptiques et nationalistes. Mais quand le Rassemblement national prend soin de lisser son image, l'AfD de son côté n'hésite pas à multiplier les provocations.

Ce qui a conduit à la rupture, ce sont les propos révisionnistes tenus par la tête de liste de l'AfD Maximilian Krah, qui a annoncé ce mercredi 22 mai sur son compte X qu'il se retirait de la campagne électorale pour les élections européennes. Dans un entretien à La Repubblica et au Financial Times publié samedi 18 mai, Maximilian Krah avait évoqué les membres des SS, l'organisation paramilitaire nazie. Tous ne doivent pas être "automatiquement" considérés "comme (des) criminels", disait-il. Parmi eux, "il y avait aussi beaucoup d’agriculteurs". Des propos suffisamment choquants pour que le RN prenne ses distances.

L'AfD cumule les casseroles

Fin avril, un ancien collaborateur du parti a été arrêté à Dresde, soupçonné d’espionnage au profit de Pékin. Une autre figure du parti, le patron de son aile radicale, a lui été mis à l'amende pour avoir utilisé dans un meeting un slogan des SA, la milice paramilitaire du Parti national-socialiste d’Adolf Hitler. Tout cela après l'affaire de la réunion secrète en novembre, organisée entre des cadres de l’AfD et des néonazis pour parler d’un projet de "remigration", c'est-à-dire d’expulsion de deux millions d'étrangers. Jamais le RN n’a obtenu les clarifications qu'il avait demandées. Il n'était pas question non plus de prendre le risque d'être éclaboussé par ce scandale.

En se désolidarisant de l'AfD, le RN fait aussi un calcul politique. Il espère évidemment échapper au cordon sanitaire auquel est soumis son groupe qui l’empêche d’occuper des postes de pouvoir à Strasbourg. Sauf qu'on ne sait pas encore avec qui il pourra faire alliance en remplacement de l'AfD. Peut-être avec le Fidesz de Viktor Orban, qui se cherche une famille d'accueil depuis son éviction du parti populaire européen en 2021 et qu'il courtise depuis longtemps. Sauf que les Hongrois auront peut-être davantage envie de rejoindre l'autre groupe des droites nationalistes que Giorgia Meloni espère faire grossir encore jusqu'à former une majorité au Parlement. Pas sûr, toutefois, qu'elle accepte d'y inclure le RN. L'élection du 9 juin n'a pas eu lieu, mais les grandes manœuvres ont déjà commencé.

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