Des Indiens d’Amazonie à Paris, et des meurtres dans leur forêt
La planète tourne et nous posons le doigt à Arariboia, dans le nord-est du Brésil.
Arariboia, c’est le nom d’un territoire indien d’Amazonie, où a été assassiné au début du mois Paulo Paulino, de la tribu des Guajajara. Il était "gardien de la forêt" c’est-à-dire qu’avec plusieurs membres de sa tribu, il sillonnait son territoire pour empêcher des bûcherons illégaux de venir couper du bois, incendier des arbres, polluer des rivières ou tuer des Indiens. Leur territoire fait un peu plus de 4 000 kilomètres carrés, et abrite, en plus d’espèces d’arbres parmi les plus recherchées du monde, 5 300 indiens de plusieurs tribus, particulièrement en danger. Depuis 2012, Paulo Paulino et plusieurs des membres de son groupe avaient décidé de résister, et de s’organiser. Une tâche dangereuse, car les bûcherons sont eux-mêmes à la solde de puissantes entreprises de trafic de bois, et n’ont absolument aucune pitié : la plupart des meurtres d’Indiens ne donnent même pas lieu à une enquête. Jamais les Indiens n’ont étés autant menacés au Brésil, notamment par le président lui-même : Bolsonaro a déclaré à plusieurs reprises que les Indiens devaient quitter l’Amazonie, et laisser place à l’exploitation commerciale de leurs terres.
Plusieurs leaders indigènes sont venus tenter d’expliquer leur drame à Paris
Ils étaient huit mardi 12 novembre dans une salle municipale à Paris, avec leurs coiffes de plumes, turquoises, rouges et jaunes. Bien sûr, ce n’est pas la foule des grandes manifestations parisiennes, bien sûr, c’est un public souvent déjà averti de leur drame. Mais ils sont venus dire dans 12 pays européens qu’ils ne peuvent plus lutter seuls. Que Bolsonaro n’est pas le seul responsable. Que la France, 8e importatrice mondiale de soja brésilien, contribue largement à la déforestation et donc à la mort de leur civilisations. Ce n’est pas la première fois que des Indiens viennent en France tenter de sensibiliser. Pour le moment, il n’y a eu aucun résultat. Mais la violence du président Bolsonaro à leur égard rencontre peut-être une inquiétude plus générale face à la fin d’un monde. Et qu’au fond, il est encore possible de changer, chez nous, des habitudes, pour que chez eux, des hommes et des femmes cessent tout simplement d’être assassinés.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.