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Crise en Ukraine : tout savoir sur le Donbass et les républiques séparatistes

Donbass, Donetsk, Lougansk, des noms omniprésents car ils sont au cœur du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Quelles sont ces zones séparatistes prorusses où des combats ont lieu depuis 2014 ?

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié
Temps de lecture : 92 min
Terrains minés sur ligne de front dans les faubourgs de Marioupol, à quelques kilomètres de la partie du   Donbass contrôlée par les séparatistes pro-russes. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Quand on parle de Donbass, on parle d’une région ukrainienne, à l’Est du pays, à la frontière avec la Russie. Un bassin minier, métallurgique, industriel. À l’intérieur de cette région, il y a deux zones où vivent des Ukrainiens prorusses. Des habitants et des combattants qui veulent un rapprochement avec Moscou, plutôt que l’Union européenne. Ces russophones ont notamment été envoyés par la Russie pour travailler sous l'ère soviétique. Ces deux zones sont celles qui sont au cœur du conflit actuel : Donetsk et Lougansk, autoproclamée "République populaire" et donc reconnues par Moscou dans la soirée du lundi 21 février. Donetsk est la principale ville du bassin minier et un centre important de métallurgie du Donbass. Elle compte deux millions d’habitants. Lougansk est, elle, une ville industrielle de 1,5 million d’habitants riche en charbon.

Accords de Minsk caduques

Ces territoires ont fait sécession en 2014, juste après l’annexion de la Crimée par les Russes. Les séparatistes de Donetsk et de Lougansk, soutenus par Moscou, se sont emparés de bâtiments gouvernementaux. Depuis, ils combattent l’armée régulière ukrainienne. Le conflit dans le Donbass a fait 14 000 morts et 1,5 million de déplacés. Le gouvernement ukrainien a jusqu’à présent refusé de discuter avec les séparatistes. En 2015, les accords de Minsk, négociés entre la Russie et l'Ukraine sous médiation franco-allemande, ont permis de réduire l'intensité des combats. En réalité, le cessez-le-feu est bancal et le règlement politique du conflit n'a jamais été trouvé. Ces accords interdisent notamment l’utilisation d’armes lourdes le long de la "ligne de contact", c’est la zone qui se situe entre les prorusses et les Ukrainiens car on ne peut pas l’appeler officiellement une frontière. On assiste depuis des années à une guerre statique entre ces deux pôles.

En reconnaissant les républiques de Donestk et de Lougansk, Vladimir Poutine a de façon unilatérale, anéanti les accords de Minsk. Pour Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice américaine à l'Onu, le président russe a "mis en lambeaux l'accord de Minsk". Le Premier ministre Boris Johnson parle lui de "répudiation". Emmanuel Macron, Olaf Scholtz et Joe Biden sont eux "d'accord pour dire que cette mesure unilatérale de la Russie constitue une violation claire des accords de Minsk."

Porte d’entrée dans la politique ukrainienne

Pour Vladimir Poutine, quel est l’intérêt stratégique de reconnaitre l’indépendance de ces deux territoires ? Le président russe avait déjà un pied en Ukraine, et bien il met le deuxième. Depuis 2014, il n’y a officiellement pas de soldats russes dans le Donbass mais l’Otan et les Ukrainiens savent que Moscou est présent auprès des séparatistes. Et c'est qui leur a permis de combattre pendant huit ans. Les Russes fournissent du renseignement aux rebelles, de l’aide financière, et des passeports russes. 600 000 passeports ont été délivrés, ce qui fait des Ukrainiens qui vivent à Donetsk et Lougansk, des citoyens russes, et crée de facto, les contours d’un État séparatiste.

L’intérêt de Vladimir Poutine enfin, c’est que ces deux nouvelles républiques sont une porte d’entrée majeure qui lui permettra d’avoir une influence sur la politique intérieure ukrainienne. Si les blindés russes ont fait leur entrée dès lundi 21 février dans le Donbass, on ne sait pas à l'heure qu'il est,
jusqu’où le président russe veut aller. L’Ukraine est, pour Moscou, une zone tampon qui protège la Russie de l’Occident

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