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États-Unis : l'insulte de Joe Biden à un journaliste, nouvelle gaffe ou dérapage contrôlé ?

Le président américain Joe Biden a insulté lundi 24 janvier un journaliste de Fox News. Un signe de nervosité, à moins de dix mois d’élections de mi-mandat qui s'annoncent très compliquées pour le camp démocrate.

Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 92 min
Joe Biden à la Maison Blanche, à Washington, le 24 janvier 2022. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

C'est une petite phrase lâchée dans la soirée du lundi 24 janvier, dans le brouhaha d'une fin de table ronde. Une petite phrase parfaitement audible, et dûment enregistrée. Interrogé à la volée par un journaliste de Fox News sur le fait que l'inflation puisse constituer un handicap politique, le président des États-Unis répond d'abord sur le ton de l'ironie : "C'est un grand atout..." avant de passer à un tout autre registre : "Quel stupide fils de pute !"

"Rien de personnel"

L'insulte est fort peu présidentielle, et même si Joe Biden a rappelé une heure plus tard le journaliste visé pour lui préciser qu'il n'y avait "rien de personnel" dans sa sortie, celle-ci a provoqué une avalanche de commentaires outre-Atlantique.

Joe Biden savait-il que son micro était ouvert ? La question est difficile à trancher, elle n'est pourtant pas anodine : s'agit-il d'une nouvelle gaffe ou d'un dérapage assumé ? En tout cas ces propos sont retranscrits tels quels dans le script de la réunion envoyé ensuite à la presse par la Maison Blanche.

Inflation record, popularité en berne

Le journaliste visé, Peter Doocy, est une figure de la chaîne ultra-conservatrice Fox News. Sa question a fait mouche : l'inflation, qui est en hausse de 7% sur un an, est à un niveau inédit depuis quarante ans, et elle affecte particulièrement le porte-monnaie des Américains, à moins de dix mois des élections de mi-mandat.

Ces élections s'annoncent particulièrement compliquées pour les démocrates car après un an de mandat, Joe Biden peine à se relancer, plombé par le retrait chaotique d'Afghanistan l'été dernier, plusieurs réformes-clé bloquées au Congrès et une crise sanitaire qui n'en finit pas. Sa cote de popularité est en berne, à peine 40% d'opinions favorables. De quoi rendre nerveux un président qui, jusqu'ici, s'était gardé des outrances verbales de son prédécesseur, en accord avec sa promesse de "réconcilier" l'Amérique.

Approximations et maladresses verbales

Cette nervosité s'est déjà manifestée la semaine dernière, lors d'une grande conférence de presse consacrée à la première année de mandat. Joe Biden a qualifié "d'idiote" la question d'une autre journaliste de Fox News, et il a surtout multiplié les approximations, notamment sur l'Ukraine, évoquant la possibilité d'une "incursion mineure" de la Russie - au point d'inquiéter ses alliés occidentaux.

La Maison Blanche a effectué une mise au point, sans mettre un terme à la polémique. Il faut dire que les maladresses verbales du "serial gaffeur" Joe Biden font depuis des décennies le bonheur des journalistes politiques outre-Atlantique.

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